Le Ceta franchit les obstacles comme un saumon OGM

Revue de presse par Michel Pourcelot

Après être passé devant le Parlement européen, le Conseil constitutionnel et une commission d’experts gouvernementale, le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, le Ceta, est entré en application provisoire ce jeudi 21 septembre. La presse s’est montrée plus moins compréhensive envers ce Comprehensive Economic and Trade Agreement. Aperçus.

Le Figaro
L’accord commercial entre le Canada et l’Union européenne confirme l’extension du domaine du libre-échange, en dépit de la réticence des peuples, constate l’essayiste Benjamin Masse-Stamberger, qui déplore une victoire de la technocratie, la Commission de Bruxelles étant demeurée sourde aux arguments de tous ceux qui, au cours des dernières années, ont alerté sur les risques pour le climat, la santé ou l’environnement, qu’il comporte. Le libéralisme rend-il sourd ?

Les Échos
Durant sa campagne, Emmanuel Macron s’était engagé à missionner une commission d’experts scientifiques pour vérifier le respect des contraintes environnementales et de la protection de la santé publique du Ceta. Dans ses conclusions publiées vendredi, elle note que les chapitres de l’accord concernant l’environnement ont le mérite d’exister, mais ils ne contiennent aucun engagement contraignant. Il n’aurait plus manqué que ça. La commission souligne aussi que les engagements à diminuer les subventions dommageables à l’environnement, en particulier aux énergies fossiles et à la pêche manquent à l’appel. L’appel du large échange, lui, a été entendu.

L’Obs
Et le saumon pourrait bien d’engouffrer dans la large brèche : on le connaissait surtout par son surnom français, Saumonstre et davantage encore par son équivalent anglo-saxon, Frankenfish. Mais les Français pourraient bientôt goûter sa chair. Le saumon transgénique, le premier animal génétiquement modifié commercialisé pour la consommation humaine, pourrait en effet débarquer au pays de Paul Bocuse.

L’Express
Les gastronomes ne sont pas les seuls à se mettre la rate au court-bouillon : l’industrie européenne voit d’un très mauvais œil l’arrivée sur son sol de produits canadiens élaborés selon elle dans des conditions inégales. Le Canada a des normes sanitaire et d’étiquetage plus faibles que l’UE, et son agriculture industrielle est plus fortement dépendante des pesticides et des cultures génétiquement modifiées, résume Greenpeace. Une ONG non encore génétiquement modifiée. D’autres ONG non OGM critiquent par ailleurs les tribunaux d’arbitrages instaurées dans le Ceta —comme dans chaque accord commercial— pour trancher les litiges entre un État et une multinationale qui s’estimerait flouée par un changement soudain de politique. Comme quoi, les multinationales ne sont pas toujours vent debout contre le principe de précaution... Cela dépend juste de qui s’en sert.

Le Monde
D’autant que dans les milieux d’affaires canadiens, les espoirs sont grands, et les hormones en émoi, car de nombreux secteurs devraient tirer profit de cet accord : >Les produits du bois, chimiques et plastiques, l’aluminium, mais aussi l’alimentation, comme le sirop d’érable québécois, les produits de la mer gaspésiens ou encore le bœuf de l’Ouest en sont quelques exemples, énumère une fédération canadienne d’entreprises. Il ne manque plus à la liste que le raton-laveur transgénique.

Michel Pourcelot Ex-journaliste à L’inFO militante

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