Le recul de l’âge légal de départ augmente le chômage des seniors, confirme l’Unédic

InFO militante par Ariane Dupré, L’inFO militante

© Marta NASCIMENTO/REA

Selon l’Unédic, entre 2010 et 2022, le report de l’âge légal de départ de 60 à 62 ans a augmenté de 100 000 le nombre d’allocataires de plus de 60 ans. Et de rappeler aussi qu’un quart des seniors sont touchés par des ruptures conventionnelles.

Encore une étude embarrassante pour l’exécutif. Alors que les syndicats, dont FO, ne cessent de dénoncer l’injustice que constituerait le recul de l’âge légal de départ en retraite à 64 ans, ce qui aggraverait aussi le chômage des seniors, une étude de l’Unédic publiée le 1er mars dernier leur donne raison. Analysant le lien de cause à effet entre les réformes des retraites, antérieures, et le chômage des seniors, l’Unédic livre plusieurs faits intéressants. Si la part du chômage des seniors entre 50 et 59 ans reste globalement stable (environ 5 %), en 2021, la part des seniors en emploi baisse de 15 points. Et ils retrouvent aussi difficilement un travail : moins diplômés, moins formés par leurs ex- employeurs, plus discriminés à l’embauche... Les chômeurs de plus de 50 ans restent plus longtemps inscrits à Pôle emploi : 520 jours en moyenne au second trimestre 2021, contre 340 jours pour les 25-49 ans. En outre, la zone grise des inactifs a augmenté de 9 points en 2021 : à 60 et 61 ans, une personne sur cinq est inactive, sans doute par des problèmes de santé plus fréquents à cet âge, avance l’Unédic. La sortie des seniors du marché du travail s’accélère à 60 ans : en 2021, la part de retraités a augmenté de 5 points, avec des départs massifs en retraite à partir de 62 ans, selon l’étude.

Augmentation des ruptures conventionnelles et des licenciements pour inaptitude

Sans surprise, l’Unédic constate un net rebond d’allocataires indemnisés après 55 ans, soit 400 000 personnes en juin 2022. Parmi ces seniors qui étaient majoritairement en CDI, la moitié a connu un licenciement (contre 40 % pour les 45-54 ans). Et un licenciement sur quatre l’est pour inaptitude. Autre enseignement : selon l’étude, un quart des seniors quittent l’entreprise dans le cadre d’une rupture conventionnelle, surtout à 59 ans. À cet âge, et avant la réforme de l’Assurance chômage du 1er février 2023 réduisant la durée d’indemnisation de 25 %, trois ans d’indemnisation était possible avant de sortir du chômage pour un départ à la retraite à 62 ans. L’étude confirme que l’âge légal de départ en retraite et les règles de l’Assurance chômage ont un impact sur la stratégie des employeurs pour se séparer des seniors. En effet, en 2010, lorsque l’âge légal était encore à 60 ans, ce pic d’ouverture de droits était plutôt de 57-58 ans, constate l’Unédic.

Hausse des dépenses déjà constatée

L’étude atteste que la réforme des retraites de 2010, reculant l’âge légal de 60 à 62 ans, a fait augmenter le nombre de travailleurs âgés indemnisés. Entre 2010 et 2022, 100 000 allocataires de plus sont indemnisés à 60 ans ou plus, relève l’Unédic. À noter aussi que sur cette période, les dépenses d’indemnisation pour les personnes âgées de 54 ans ont augmenté de 16 % (+ 3,5 milliards d’euros). Et pour celles de plus de 55 ans, de 38 % (+ 1,8 milliard d’euros). L’Unédic ne fait pas de pronostic sur l’impact qu’aurait le recul de l’âge légal de départ à 64 ans. Mais à la lumière des réformes passées, l’étude montre que la réforme actuelle risquerait d’aggraver encore le chômage des seniors.

Ariane Dupré Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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