Ils ont l’un et l’autre été publiés au Journal officiel au creux de l’été mais leur contenu va venir grossir le cahier des revendications des personnels hospitaliers à la rentrée : deux décrets viennent porter de nouveaux coups contre le service public hospitaliers et leurs personnels. Le premier décret, paru le 10 juillet 2018, rend obligatoire l’inscription des infirmières et infirmiers à l’Ordre infirmier.
Tandis que FO et la grande majorité des organisations syndicales combattent depuis 2006 la mise en place de cet Ordre, le gouvernement a décidé de passer outre. La goutte d’eau qui fait déborder le vase ?
Toute une profession prise en otage
Alors que les budgets des établissements hospitaliers sont étranglés, que les suppressions de services et de lits s’accélèrent, que les suppressions d’emploi sont devenues une variable d’ajustement budgétaire, et que les salaires sont bloqués depuis huit ans, le gouvernement décide de prendre en otage toute une profession
, fustige Denis Basset, secrétaire général de la branche santé de la fédération des services publics et de santé FO (SPS-FO).
Pas moins de 520 000 infirmières et infirmiers exerçant en France sont concernés, dont 250 000 dans les établissements publics de santé.
FO appelle les infirmières et infirmiers à boycotter l’Ordre
Ces professionnels, y compris les salariés, vont recevoir des appels à cotisations. Nous appelons les personnels infirmiers à entrer en résistance en boycottant l’Ordre infirmier. Si toute la profession se mobilise, nous aurons gagné
, indique Denis Basset (FO).
L’Ordre infirmier a été créé en 2006 mais l’opposition d’une écrasante majorité de la profession avait jusqu’ici découragé les gouvernements successifs à rendre les inscriptions obligatoires.
Le diplôme d’État : une garantie
Force Ouvrière s’oppose depuis l’origine à la mise en place de l’Ordre infirmier. Parce qu’il oblige les infirmières et infirmiers à payer pour travailler, mais surtout parce que la profession est déjà réglementée, avec des instances disciplinaires et des garanties d’encadrement de la profession, au premier rang desquelles le diplôme d’État, obligatoire pour exercer en tant qu’infirmier.
Un deuxième décret, publié au Journal officiel, entérine la création d’un nouveau métier, celui d’ « infirmier en pratique avancée », prévu par la loi Santé de 2016. A la frontière entre le médecin et l’infirmier, ces soignants aux compétences élargies
seront formés à partir de septembre. L’infirmier en pratique avancée (IPA), de niveau master, sera formé dans un domaine de spécialité médicale et pourra participer à la prise en charge globale des patients
, dont le suivi
lui sera confié par un médecin
, comme le précise le décret.
Une béquille à la pénurie médicale organisée
La création de cette nouvelle profession s’annonce comme une béquille à la pénurie médicale organisée
, dénonce FO. Ces infirmiers spécialisés seront moins rémunérés que les médecins et ils seront amenés à pratiquer des actes médicaux en en assumant l’entière responsabilité, dans une architecture qui n’est pas faite pour cela
, analyse Denis Basset, Le but, c’est de faire des économies à l’hôpital
.
Pour FO, ce dispositif doit être suspendu. De réelles discussions doivent s’engager pour revoir, au fond, l’organisation des formations
, indique Denis Basset (FO).
Ces décrets donnent en tout cas, comme s’il en était besoin, aux personnels hospitaliers de nouvelles raisons de se mobiliser.