M onsieur le Prof a décidé de claquer la porte de l’Éducation nationale. Et de faire sans doute ce que de nombreux collègues lui envient : dénoncer l’environnement de travail qui est venu à bout de sa motivation. Monsieur le Prof est le pseudo grâce auquel William Lafleur, professeur d’anglais dans le Sud-Ouest, racontait son quotidien sur les réseaux sociaux… jusqu’à ce qu’il démissionne. Fort de plus de 400 000 followers sur le réseau Twitter (devenu X), il a décidé de passer des anecdotes en 280 signes à l’édition. Avec son livre L’ex-plus beau métier du monde, il dresse un état des lieux alarmant de l’école actuelle. Pour les élèves, pour les professionnels et, in fine, pour la société dans son ensemble.
Son constat s’appuie sur son expérience mais aussi sur les nombreux témoignages d’enseignants, de personnels de direction et de membres des équipes pédagogiques qui ont bien voulu répondre à son appel à témoin : des réformes qui s’enchaînent sans jamais prendre l’avis des profs, des décisions en période de crise annoncées par les médias plutôt que par la voie hiérarchique, des recherches d’économies à tout crin, la dévalorisation de la mission professorale (qu’il s’agisse d’en délaisser les salaires ou de lui imposer sans cesse de nouvelles contraintes)…
Plongée dans un univers sous forte contrainte
Cet ouvrage est aussi, pour qui ne connaît pas l’univers de l’Éducation nationale, une plongée dans le fonctionnement de ce géant de la fonction publique. Des règles de mutation à la gestion budgétaire des heures d’enseignement accordées à chaque établissement (la fameuse dotation horaire globale – DHG – à l’intérieur de laquelle les chefs d’établissement doivent répartir les heures de cours, de renforcement, de soutien aux devoirs…), en passant par les subtilités du devoir de réserve, les notations (des élèves) abusivement remontées par la hiérarchie, les heures supplémentaires obligatoires (et moins payées que les autres), ou encore les inspections désormais déguisées en « rendez-vous de carrière »… La plongée se termine sur les options difficiles de reconversion, dans ou hors l’Éducation nationale, et les moyens existants pour se mobiliser de l’intérieur, avec en tête l’action syndicale.