En 2016, la lutte contre le chômage va constituer « la première priorité » de François Hollande, comme il l’a répété lors de ses vœux du 31 décembre. Il y a effectivement urgence pour le Président de la République qui a conditionné sa candidature à l’élection de 2017 à une baisse « durable et crédible » du nombre de demandeurs d’emploi. Or la courbe ne cesse de grimper depuis trois ans et reste à un niveau record, avec 3,57 millions de personnes sans aucune activité fin novembre.
François Hollande détaillera son énième et dernier plan le 18 janvier, à l’occasion de ses vœux aux forces vives. Il en a déjà dévoilé certains éléments. Il a ainsi annoncé la formation de 500 000 chômeurs peu qualifiés aux métiers d’avenir ou non pourvus, en incluant les 150 000 formations déjà annoncées lors de la conférence sociale d’octobre dernier.
La ministre du Travail Myriam El Khomri, qui a reçu une délégation FO le 5 janvier, a confirmé que le coût global de ce plan massif de formation était estimé à « au moins un milliard d’euros, même si ça n’est pas complètement arbitré », a précisé Jean-Claude Mailly à sa sortie. Il devrait être pris en charge à la fois par l’État, le fonds de la formation professionnelle et les régions.
Jean-Claude Mailly a demandé des précisions et des garanties de financement. Il a aussi insisté sur la nécessité de régler la question du financement de la rémunération de fin de formation (R2F), un dispositif qui permet de continuer à rémunérer les demandeurs d’emplois dont l’allocation chômage prend fin durant une formation.
Dans la matinée, le secrétaire général de FO avait souligné l’opportunité pour le gouvernement de faire baisser statistiquement les chiffres du chômage d’ici à la présidentielle de 2017 grâce à ce plan de formation. En effet, les bénéficiaires, même s’ils continuent de pointer, seront transférés des catégories ABC (sans activité ou en activité réduite) en catégorie D (non disponible), et sortiront des statistiques les plus observées. Rappelant que d’ores et déjà 640 000 salariés au chômage sont formés chaque année, Jean Claude Mailly a insisté sur la nécessité, qu’au-delà des formations, il faut que l’économie crée de l’emploi.
Un nouveau rendez-vous le 11 janvier avec Manuel Valls
La ministre s’en est défendue. Elle a insisté sur la volonté du gouvernement de permettre aux demandeurs d’emploi les moins qualifiés de profiter d’une éventuelle reprise de la croissance, puisque des emplois qualifiés seront essentiellement créés, et de mettre en place un véritable « parcours » pour les chômeurs. Elle a précisé que les plans de formation seraient bâtis avec Pôle emploi, en fonction des besoins au niveau local.
Pour les jeunes, François Hollande s’est par ailleurs fixé un objectif de 500 000 apprentis, afin « qu’aucun apprenti ne soit sans employeur et qu’aucun employeur ne demeure sans apprenti ». Si elle s’est montrée favorable à une relance de l’apprentissage, la délégation FO a réclamé un véritable statut de l’apprenti avec une rémunération en fonction des qualifications et pas uniquement de l’âge. La ministre a aussi invité la délégation à lui faire des propositions sur l’emploi de seniors.
Sur le lancement de nouvelles aides à l’embauche dans les PME annoncées par François Hollande, la ministre avait reconnu dans la matinée, devant l’association des journalistes de l’information sociale (Ajis), le manque de lisibilité des aides existantes. Elle avait annoncé que ses services travaillaient à la création d’un « simulateur d’aides » pour assister les entreprises dans leur recherche de fonds.
Toutes ces questions seront à nouveau évoquées le 11 janvier avec Manuel Valls et Myriam El Khomri qui reçoivent en bilatérale chaque organisation syndicale et patronale pour des « consultations ».
Quant à l’autre grand chantier en cours, le lancement de la réforme du code du travail dans le cadre d’un vaste projet de loi travail qui doit être présenté en mars en Conseil des ministre, FO rencontrera à nouveau Myriam El Khomri le 21 janvier.