Épargne Covid : les ménages modestes l’ont déjà consommée
Freinés dans leurs dépenses du fait de la crise sanitaire liée au Covid-19 et des confinements successifs, les Français ont engrangé un surplus d’épargne de 175 milliards d’euros entre début 2020 et fin 2021, selon une note de la Banque de France parue début mars 2022. Sans surprise, le niveau d’épargne a été très inégal selon les catégories de ménages, en fonction des revenus et des catégories sociales. Et ces inégalités continuent de se creuser à l’heure de la reprise économique. Le Conseil d’analyse économique (CAE) estime ainsi que les 20 % des ménages les plus modestes ont désormais dépensé quasiment tout leur surcroît d’épargne, selon une étude publiée le 22 mars. A contrario, les 10 % des ménages les plus riches continuent d’épargner, notamment grâce à l’investissement en Bourse.
Augmenter les salaires
Pour les ménages les plus modestes, cette épargne supplémentaire a été absorbée très vite, et ils doivent en plus faire face aujourd’hui à la hausse des prix des produits de première nécessité, de l’énergie et à une inflation proche des 4 %
, réagit Nathalie Homand, secrétaire confédérale FO chargée de l’économie. Elle rappelle aussi que durant la crise sanitaire, certaines personnes n’avaient tout simplement pas pu épargner du fait d’une baisse de leurs revenus, notamment liée à une mise en activité partielle, et ont même dû puiser dans leurs économies pour survivre. Autant de raisons pour lesquelles il est nécessaire pour FO d’augmenter les salaires pour relever le pouvoir d’achat des Français.
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Pouvoir d’achat : le creusement des inégalités
Interviewé par une radio le 30 mars, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, était très affirmatif : Nous avons soutenu le pouvoir d’achat en valorisant le travail et pendant tout le quinquennat, avec la prime d’activité, la défiscalisation des heures supplémentaires, la prime défiscalisée.
Après les mesures de 2018 sur la fiscalité du capital, favorisant les ménages aisés, l’exécutif a décidé la poursuite de la réforme/suppression de la taxe d’habitation ou encore la fiscalisation de cotisations sociales. Selon une récente étude de l’OFCE (Observatoire des conjonctures économiques), les 10 % de ménages les plus aisés sortent gagnants comparés aux 10 % les plus modestes. Pour les premiers, le pouvoir d’achat a augmenté de 2 600 euros (par unité de consommation) sur cinq ans, mais au-delà de quatre fois moins pour les plus modestes, qui prennent actuellement de plein fouet le poids des dépenses contraintes. Les seules mesures « sociofiscales » augmentent le revenu disponible des 5 % les plus aisés de 1 720 euros contre 65 euros pour les 5% les plus modestes, soit vingt-six fois moins.
L’urgence d’une hausse des salaires
Cela traduit un creusement des inégalités pour l’OFCE, précisant aussi : Les gains de pouvoir d’achat liés aux revenus du travail sont quasiment stables depuis vingt ans.
Aucune amélioration, donc, ce qui vient souligner la pertinence de la revendication de FO sur une vraie hausse des salaires brut... L’observatoire indique encore que les ménages les plus pauvres ont vu leur revenu disponible largement amputé par la réforme de l’Assurance chômage, le nouveau mode de calcul des APL ou encore l’augmentation de la fiscalité indirecte
. Par ailleurs, en 2021, 60 % des ménages auraient subi des pertes de pouvoir d’achat du fait du surplus d’inflation
. Et c’était avant la guerre en Ukraine. La Banque de France annonce des scénarios de chocs
sur l’économie, au moins jusqu’en 2024. L’Insee prévoit quant à elle un recul du pouvoir d’achat de 0,9 % cette l’année.