Papeteries de Condat : le piquet de grève est tenu jour et nuit

InFO militante par Clarisse Josselin, L’inFO militante

© UD FO 24

La grève entamée le 28 août se poursuit aux papeteries de Condat, en Dordogne, à l’appel d’une intersyndicale dont fait partie FO. Les salariés s’opposent à la fermeture de l’une des deux lignes de production de papier, ce qui entraînerait la suppression de près de la moitié des emplois.

Depuis le 28 août au matin, les salariés tiennent jour et nuit le piquet de grève installé devant les papeteries de Condat et plus aucune matière première ne rentre dans cette usine située au Lardin-Saint-Lazare, en Dordogne. A l’issue des congés d’été, les salariés ont décidé de ne pas reprendre le travail, répondant à un appel de l’intersyndicale dont fait partie FO, syndicat majoritaire.

Ils s’opposent à la volonté du groupe espagnol Lecta, propriétaire de l’usine, de fermer l’une des deux lignes de production, ce qui entraînerait la suppression de 187 emplois sur un effectif total de 420 personnes. Cette machine est la dernière en France à produire du papier couché deux faces, un papier de haute qualité destiné à l’édition et pour lequel il existe pourtant des commandes.

Les négociations du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) ont démarré le 11 juillet pour une durée de trois mois. La troisième réunion s’est tenue le 29 août. La direction est droite dans ses bottes, elle ne veut rien lâcher et compte aller au bout du plan social, a déploré Patricia Canto, secrétaire FO du CSE, à l’issue de la réunion. Les deux parties ont prévu de se revoir pour un CSE extraordinaire le 4 septembre, avant de reprendre la négociation du PSE le 6 septembre.

Si le plan social doit se faire, l’objectif de l’intersyndicale est de limiter au maximum le nombre de départs contraints grâce à des départs volontaires pour retraite anticipée ou mise en œuvre d’un projet personnel. Les négociations n’ont pas démarré sur ce point, mais selon le livre du PSE, des départs pourraient être proposés aux salariés jusqu’à 24 mois de l’âge du départ en retraite, avec une indemnité correspondant à 65% du salaire brut de leur dernière année travaillée, explique la militante. En gros, cela correspond à 40 postes. Nous voulons que la direction aille plus loin pour que davantage de salariés soient concernés, et avec des conditions financières plus intéressantes.

On n’a pas abandonné l’idée de faire échouer le PSE

L’entreprise, plus gros employeur industriel de Dordogne, génère environ 1 200 emplois directs et indirects. Les salariés bénéficient du soutien des élus locaux. Le président de région, qui a reçu des élus syndicaux le 29 août, demande au groupe Lecta de rembourser un prêt de 19 millions d’euros accordés en 2021, ce dernier n’ayant pas tenu ses engagements en matière de maintien de l’emploi.

Si le plan de la direction était mis en œuvre, il ne resterait plus à Condat qu’une ligne produisant du papier glassine pour les étiquettes. On ne voit pas trop comment l’usine pourrait vivre avec une seule machine, d’autant plus que cette dernière est récente et pas encore totalement au point, poursuit Patricia Canto. Si aujourd’hui on supprime la moitié des effectifs, demain ce sera la totalité, ce n’est pas ce que dit la direction mais c’est notre ressenti.

C’est pourquoi les syndicats réfléchissent, avec un cabinet d’expertise et des cadres de l’entreprise, à une proposition viable pour maintenir la production de papier couché deux faces et sauver l’usine. Même si on négocie le plan d’accompagnement, on n’a pas abandonné l’idée de faire échouer le PSE, prévient la secrétaire du CSE.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

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