C’est la douche froide pour les 245 salariés du sous-traitant automobile Peugeot Japy de Valentigney (Doubs), placé fin juin en redressement judiciaire. Vendredi 24 juillet, dernier jour de travail en production avant la fermeture de l’usine pour les congés d’été, la liste des candidats à son rachat a été communiquée à l’occasion d’un Comité économique et social (CSE) extraordinaire.
On n’avait jamais imaginé que les offres de reprise seraient si pauvres en emplois. La mieux-disante propose de garder les deux tiers des salariés. La pire, seulement un tiers. Dire qu’il y a deux ans encore, Peugeot Japy employait 500 personnes, intérimaires compris…
, lâche Dany Beugin, élu FO au CSE, qui a été désigné pour représenter les salariés lors de la procédure. Portée par 75% des suffrages aux dernières élections, FO est ici la première organisation.
Quatre repreneurs sur les rangs
Quatre candidats à la reprise ont déposé leur offre au tribunal de commerce de Paris, siège du groupe de Forges et fonderies Farinia, actuel propriétaire de l’usine. Mais l’une d’entre elles, remise par Patrick Mermillod, industriel retraité et ancien dirigeant de Peugeot Japy, semble pouvoir être écartée. Sa proposition est lacunaire. Elle ne précise même pas le nombre d’emplois repris
, explique Dany Beugin.
Contrairement aux autres. La société F2J, spécialisée dans la fabrication de moteurs et turbines, propose de reprendre 100 salariés. Le groupe Defta (qui revendique 1 600 salariés dans le monde, au travers d’une dizaine d’implantations dont trois en France), évalue à 90 le nombre de salariés nécessaires. Le candidat à la reprise le mieux-disant (au chapitre de l’emploi) est Thierry Chevrier, directeur depuis un peu plus d’un an du site de Valentigney : il propose de préserver 160 des 245 emplois actuels.
Un avenir impossible sans PSA
Reste que toutes ces offres sont conditionnées a minima au maintien du volume de commandes du groupe PSA. L’avenir de Peugeot Japy (qui n’a plus de lien capitalistique avec la famille Peugeot depuis le début des années 2000) semble impossible sans le constructeur tricolore. Aujourd’hui client à 90% de l’établissement de Valentigney, celui-ci deviendra même son client exclusif fin décembre. Car, à cette date, le contrat de Peugeot Japy avec Bosch (portant sur 10% de son activité) arrivera à son terme.
Autre écueil, le contrat PSA court uniquement jusqu’en avril 2021. Pis, des rumeurs persistantes font état d’une volonté de désengagement partiel du constructeur automobile, qui ne souhaiterait plus avoir une seule source de production pour certains éléments des boîtes de vitesse. Peugeot Japy fournit les usines PSA de Valenciennes (Nord), de Metz-Trémery (Moselle) et un site Opel situé à Aspen, en Autriche.
Des mouvements sociaux à la rentrée
Dans ce contexte, il faut s’attendre à des mouvements sociaux à la rentrée
, prévient Dany Beugin. D’ores et déjà, les représentants FO ont invité, via les administrateurs judiciaires, chacun des candidats à la reprise à venir présenter leur offre en détail à partir du 21 août, date de reprise de l’activité dans l’usine. Toutes ces offres peuvent être améliorées
, espère le militant FO. Il reste du temps. Le tribunal de commerce de Paris devrait statuer sur les offres définitives entre le 10 et le 20 septembre.