Le mouvement de protestation des personnels de surveillance (près de 28 000 agents) des établissements pénitentiaires (188 en France) avait démarré le 12 janvier suite à l’agression de trois surveillants de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). Dès le lundi 15 janvier, à l’appel des trois principaux syndicats dont le SNP-FO, les agents ont bloqué les sites et/ou organisé des débrayages.
Depuis cette date, plus des trois-quarts des établissements sont concernés par le mouvement de contestation qui ce 23 novembre en est à son 12e jour. Jamais la pénitentiaire n’avait connu pareille mobilisation
souligne le SNP-FO appelant à amplifier
le mouvement de blocage. Pour le syndicat FO il n’est pas question de céder à la pression exercée par nos dirigeants et d’accepter quelques peccadilles sous prétexte de vouloir sortir rapidement d’un conflit social qui dérange
.
Ouvertes le lundi 22 janvier après une semaine de blocage des établissements, les négociations s’avèrent difficiles soulignait ce mardi Emmanuel Baudin le secrétaire général du SNP-FO à quelques heures de la deuxième séance de négociations. Difficiles effectivement. Mécontents des propositions du gouvernement, les syndicats ont en effet rapidement quitté la séance.
Actuellement 2 500 postes vacants
Les syndicats inscrits dans ce conflit dont FO demandent que la sécurité des personnels travaillant dans les prisons soit améliorée. Cela doit passer par un certain nombre d’équipements de sécurité pour les agents indique FO et par ailleurs aussi par une classification des établissements permettant l’orientation ciblée des détenus
.
Les syndicats demandent aussi des mesures sur l’emploi et des mesures indemnitaires. Alors que la ministre propose la création sur quatre ans de 1 100 postes de surveillants, les syndicats ne sont pas satisfaits de cette annonce. Et pour cause. Certes il faut un apport d’effectifs mais le problème qui se pose va bien au-delà de la simple question des effectifs
insiste Emmanuel Baudin.
Ce qui est pour l’instant au cœur du problème explique-t-il c’est le déficit d’attractivité du métier de surveillant au plan du statut et des conditions indemnitaires
. Cela se traduit concrètement. On compte actuellement 2 500 vacances de postes dans la surveillance pénitentiaire. Si l’on ajoute à ce problème la prévision de 6 000 départs en retraite d’ici cinq ans, la pénitentiaire va avoir un sérieux problème de recrutement
.
Des conditions si peu attractives...
Le secrétaire général du SNP-FO précise que le salaire d’un surveillant débutant, après huit mois de formation que le gouvernement souhaitait réduire à six mois
se situe aux alentours de 1 100 euros. Par ailleurs le salaire moyen des agents de surveillance (appartenant à la catégorie C), primes incluses mais hors heures supplémentaires se situe à 1400 euros
. Pour FO, ce niveau de salaire est insuffisant alors que ces agents exercent quotidiennement des missions à risques et ce dans un contexte de sous-effectifs. On compte par exemple un seul surveillant pour 180 détenus à la maison d’arrêt d’Osny dans le Val-d’Oise
indique Emmanuel Baudin.
Aux revendications portant sur les effectifs et les conditions indemnitaires, le SNP-FO –contrairement aux autres syndicats– a donc ajouté un volet de revendications statutaires.
Afin de rendre plus attractif le « métier » de surveillant, FO demande ainsi le passage en catégorie B de tout le corps d’encadrement et d’application
soit les surveillants et le passage en catégorie A de tout le corps de commandement
. Le SNP-FO revendique une fusion des grades de surveillant principal et de surveillant brigadier ainsi que la fusion entre les grades de premier surveillant et de major mais aussi une fusion entre les grades de lieutenant et capitaine.
Qui des revendications statutaires ?
Pour ce volet statutaire regrettait Emmanuel Baudin à l’issue de la première rencontre de négociation lundi 22 janvier la discussion avec le gouvernement n’avance pas. La ministre indique qu’elle n’a pas de mandat pour répondre à cette revendication
. Selon le gouvernement l’enveloppe nécessaire pour une mise en œuvre de mesures indemnitaires et statutaires s’élèverait à 200 millions d’euros indique le secrétaire général du SNP-FO. Pour l’instant, le gouvernement semble ne vouloir porter attention qu’aux revendications relatives au volet indemnitaire.
Ce mardi en milieu d’après-midi, alors que la ministre Mme Belloubet et les syndicats étaient encore en réunion de négociations, le Premier ministre M. Édouard Philippe indiquait devant l’Assemblée nationale que le gouvernement était prêt à examiner des mesures indemnitaires spécifiques et ciblées
pour les agents de l’administration pénitentiaire.
Les agents FO sont « déterminés »
Sur ce volet indemnitaire, les syndicats ont des demandes précises. FO notamment. Le SNP-FO demande que la prime de sujétion spéciale (PSS) passe de 26% à 30% du salaire brut. En ce qui concerne la prime ICP (indemnité pour charges pénitentiaires), il demande désormais qu’elle passe de 1 000 euros à 2 000 euros/an. Les revendications indemnitaires portent aussi sur la revalorisation des primes de nuit comme celles relatives au travail du dimanche et des jours fériés. FO demande une augmentation à 50 euros
du forfait de ces primes.
Alors que le blocage des établissements pénitentiaires s’intensifie au fil des jours FO rappelle la détermination
des agents à obtenir des réponses à hauteur des revendications exprimées. Ce mardi 23 janvier, lors de cette deuxième rencontre de négociation, le gouvernement n’a semble-t-il pas su entendre la colère des personnels… Le mouvement de blocage continue, donc.