Relocalisation d’activités : le rapport sévère de la Cour des comptes

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

© Come SITTLER/REA

L’enthousiasme n’est pas de mise concernant les premiers effets du plan de relocalisation d’activités (inséré au
plan France Relance), lequel a été décidé par l’exécutif en pleine pandémie, dès l’été 2020. C’est ce qu’il ressort du rapport publié le 23 novembre par la Cour des comptes. Ce plan, conçu dans l’urgence, fixait un objectif structurel de diminution des dépendances de l’industrie française et de soutien conjoncturel à l’industrie, cela en ciblant cinq secteurs critiques, dont la santé, l’agroalimentaire et l’électronique. Or, pour l’instant, le bilan est en demi-teinte, jugent les magistrats. À la fin juin, seuls 42% des crédits avaient été versés aux bénéficiaires et trente-trois projets financés sont entièrement terminés. Le plan, géré par Bpifrance, doit mobiliser 838 millions d’euros, sous forme de subventions, pour 531 projets d’investissements industriels retenus.

Sans objectif stratégique prédominant

Les premiers effets socioéconomiques du dispositif apparaissent modestes, et les effets en matière de réduction des vulnérabilités [industrielles, NDLR] sont aujourd’hui difficilement vérifiables. Pour la Cour, les outils de mesure de ce dispositif dont le déploiement prendra encore plusieurs années ne seraient pas adaptés. Par ailleurs, il y a eu une organisation brouillonne ― ce qui a eu un coût ―, Bpifrance a dû faire appel à un cabinet privé (pour un coût de 3,2 millions d’euros pour dix mois d’intervention), la sélection des projets s’est effectuée sans objectif stratégique prédominant… Quant au satisfecit des chefs d’entreprise, il ne dit rien des effets du soutien sur l’économie et la souveraineté du pays, assène encore la Cour qui appelle à une évaluation du plan. Un exemple cité en dit long sur cette nécessité. Un fabricant français de poches de perfusion a ainsi reçu 9,4 millions d’euros en 2021 pour se moderniser. Mais l’entreprise, qui était détenue par un fonds d’investissement spécialisé dans les retournements d’entreprises en difficulté, a été mise en redressement un an plus tard. Depuis, des industriels pharmaceutiques ont repris l’activité en s’appuyant sur le concours de l’État, dans le cadre d’une opération de sauvetage de l’entreprise.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération