Revue de presse : les « Sages » se rebiffent (partiellement)

Société par Christophe Chiclet

Par le biais d’une nouvelle loi anti-casseurs, le gouvernement a tenté de s’en prendre à la liberté de manifester pourtant gravée dans le marbre de l’article 10 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789. Sous prétexte d’état d’urgence, des manifestations syndicales avaient déjà été restreintes l’an passé. Le 4 avril, le Conseil constitutionnel a retoqué l’article 3 de cette loi scélérate. Aperçus.

Le Journal du Dimanche

« Emmanuel Macron a décidé de saisir le Conseil constitutionnel concernant la proposition de loi anti-casseurs. ̎ Il est pleinement dans son rôle de garant des libertés publiques de notre pays ̎ a expliqué Benjamin Griveaux à l’issue du conseil des ministres. Le porte-parole du gouvernement a ajouté que cette saisie porterait en particulier sur trois articles de ce texte : l’article 2 sur la possibilité de procéder à des fouilles, l’article 3 sur les restrictions de manifester et l’article 6 sur la création d’un nouveau délit de dissimulation du visage ». Nouvelle erreur tactique de la présidence.

Marianne

« Le gouvernement et la majorité ne voyaient pas le problème. Le député LREM Jean-François Eliaou décrivait, dans son explication de vote au nom de son groupe, la loi anticasseurs comme ̎ un texte équilibré ̎ qui ̎ protège les droits ̎ selon les mots du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, le 29 janvier. Par précaution Emmanuel Macron avait tout de même tenu à saisir de lui-même le Conseil constitutionnel. Finalement, ce jeudi 4 avril, l’institution présidée par Laurent Fabius bat totalement en brèche l’analyse ministérielle. L’article phare de la loi anti-casseurs, qui instituait une interdiction de manifester prononcée par les préfets est déclaré inconstitutionnel ».

Le Figaro

Plus précisément, « Le Conseil constitutionnel a censuré jeudi l’article 3 de la loi qui devait permettre d’interdire à une personne de manifester. Il estime que les garanties encadrant cette atteinte au droit constitutionnel de manifester ne sont pas suffisantes… Subtilement, les sages de la galerie Montpensier n’ont pas contesté l’intervention du préfet, mais en ont censuré les modalités… En jeu, le manque de précision en termes de lieu et d’ancienneté des actes reprochés aux individus interdits de manifestation ».

Huffington Post

Le gouvernement est acculé à faire machine arrière. « Il n’y aura donc pas de réexamen de la loi anti-casseurs. Après que le Conseil constitutionnel a censuré son article le plus controversé qui autorisait des interdictions administratives de manifester, le gouvernement a longtemps laissé planer le doute sur sa volonté de proposer une nouvelle formulation du texte en conformité avec les exigences des sages ». Bref, une défaite en rase campagne et un enterrement sans fleurs, ni couronnes.

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante