Services à la personne : FO continue le combat pour la revalorisation des salaires

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

© Jean-Luc Boiré

La FGTA-FO a signé l’avenant sur les minima conventionnels au sein de la branche des entreprises de services à la personne, lequel prévoit une légère revalorisation des salaires. Si cela reste insuffisant, nous sommes sur une bonne dynamique, souligne Stéphanie Prat-Eymeric, secrétaire fédérale pour qui d’autres négociations sont à ouvrir au plus vite, notamment sur le régime de prévoyance. D’autant qu’entre pénibilité de l’emploi, faibles salaires et temps partiel, les professionnelles des services à la personne seraient parmi les victimes à pâtir de la réforme des retraites.

Bien que cela reste insuffisant, nous sommes sur une bonne dynamique qu’il faudra conserver, indique Stéphanie Prat-Eymeric, secrétaire fédérale à la FGTA-FO. Fin février, le syndicat a signé l’avenant sur les minima conventionnels de la Convention nationale collective des entreprises de services à la personne. Cet accord prévoit une légère revalorisation des salaires avec un taux horaire variant entre 11,29 euros, pour le premier niveau de la grille à 11,72 euros pour le 4e niveau.

Les employeurs ont intérêt à aller au-devant du Smic

Un accord avait déjà été signé en 2022. Le taux horaire du premier niveau était alors fixé à 10,85 euros et à 11,24 euros pour le 4e et plus haut niveau. Mais cet avenant a rapidement été dépassé, cela par la hausse du Smic. Il devenait urgent de renégocier ces minima, explique la militante. D’ailleurs, pour la première fois, les minima et notamment le premier niveau de la grille, dépasse le Smic. De quelques centimes, ce qui demeure insuffisant. Mais c’est déjà une avancée, nous avons été entendus, du moins je l’espère. Les employeurs ont intérêt à aller au-devant du Smic pour ne pas courir après chaque fois que celui-ci est rehaussé.

Toutefois, pour la FGTA-FO, d’autres chantiers doivent s’ouvrir et vite. L’accord de l’an passé prévoyait, pour la première fois, une augmentation des indemnités kilométriques (IK) mais le temps de déplacement n’est pas encore considéré comme du temps de travail effectif. De fait, cet accord demeure insuffisant. D’où l’intérêt de rouvrir l’accord inter-vacation, souligne Stéphanie Prat-Eymeric. Sur le sujet des grilles, le secteur commence à construire une classification, jusque-là inexistante, pour les salariés administratifs. La militante souhaite également aborder rapidement le sujet de la mise en place d’un régime de prévoyance.

Une pénibilité peu, voire pas du tout reconnue

Alors que les services à la personne figurent parmi les secteurs où il y a le plus d’accidents professionnels, il n’existe aucun système de prévoyance et encore moins de prévention, pointe la secrétaire fédérale. Les faibles rémunérations de ces métiers rendent aussi d’autant moins acceptable la pénibilité qui les caractérise.Une pénibilité peu voire pas du tout reconnue, notamment dans le cadre des critères légaux, tels que décrits par les ordonnances d’août 2017. Quatre critères (sur les dix qui existaient) ne sont ainsi plus considérés comme facteurs de risques.

Lorsque l’on travaille avec des personnes très dépendantes, il faut parfois les soulever, les tourner. C’est un effort physique pour le corps, mais qui n’entre pas dans la pénibilité liée à la manipulation de charges lourdes, dénonce Stéphanie Prat-Eymeric. Pour les personnes qui font le ménage au domicile des clients, les entreprises n’exigent pas qu’ils aient du matériel adéquat chez eux. De fait, s’il n’y a pas d’escabeau, la salariée va monter sur une chaise ou autre pour faire les fenêtres. Et les accidents du travail sont nombreux.

La militante évoque aussi les fortes amplitudes horaires, pour des temps de travail effectifs bien plus courts. Les journées durent de 7h à 20h, si ce n’est plus. Les temps de transports, les embouteillages ou les problèmes de transports en commun durant les déplacements entre les domiciles accentuent le stress et la fatigue. Pour les personnes en situation de forte dépendance, la visite de ces professionnelles est nécessaire. Alors quand on a du retard, on angoisse, on culpabilise...

71 % des salariées à temps partiel

Les métiers de services à la personne risquent par ailleurs de figurer dans les premières victimes de la réforme des retraites. La soi-disant pension de 1 200 euros par mois, telle qu’évoquée par le gouvernement, est conditionnée à un emploi à temps plein. Or, dans le secteur des services à la personne, la grande majorité des travailleuses sont à temps partiel. En moyenne, selon les chiffres de 2018, 71 % des salariées sont à temps partiel, souligne Stéphanie Prat-Eymeric. Cette proportion varie selon les secteurs, avec 11 % de temps partiels dans les crèches contre plus de 80 % pour les assistantes de vie ou 90 % pour celles qui travaillent dans de secteur de la garde d’enfant.

Alors que ces professionnelles subissent souvent le temps partiel, leur rémunération est elle aussi partielle bien sûr. Et avec les conséquences une fois à la retraite, ce qu’aggraverait encore la réforme. D’ailleurs, lors des dernières journées de mobilisation, dans ce secteur des services à la personne, toutes les déléguées syndicales que je connais sont descendues dans la rue, consciente de l’impact de la réforme.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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