ADP : grève ce 31 mai contre la menace de désengagement de l’Etat

Emploi et Salaires par Valérie Forgeront

© Fred MARVAUX/REA

A l’appel des quatre syndicats de l’entreprise, dont FO, les salariés d’ADP (Aéroports de Paris) sont en grève ce 31 mai. Ils craignent que l’État actuellement actionnaire d’ADP à 50,6% cède prochainement ses parts. Les salariés demandent le retrait du projet de privatisation.

Les quatre syndicats représentatifs d’ADP (Aéroports de Paris, SA depuis 2005 détenue à 50,6% par l’État) dont FO appellent les salariés à une grève ce jeudi 31 mai et à des rassemblements (à Orly, Roissy, Le Bourget…). Les personnels d’ADP (6 000 salariés) qui demandent le retrait du projet de privatisation, le maintien du statut du personnel et des acquis sociaux avaient fait grève pour les mêmes motifs le 3 mai dernier. Précédemment encore, le 22 mars, jour de grève dans la fonction publique, plusieurs centaines de salariés d’ADP avaient organisé des actions de blocages des accès routiers aux sites d’ADP indique Pascale Lapierre, la secrétaire générale du syndicat FO-ADP.

Les salariés craignent que le projet de loi Pacte (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) qui devrait être bientôt présenté en Conseil des ministres porte la cession des parts de l’État dans ADP. Début mai, le ministre de l’Economie, M. Bruno Le Maire, avait confirmé ce souhait de désengagement regrettant que l’État bloque neuf milliards d’euros par sa participation dans ADP pour environ 180 millions de dividendes, pas plus. Le ministre indiquait encore être convaincu que l’État a plus un rôle de régulateur que de gestionnaire. Il n’a pas à gérer les magasins de Roissy ou le Mercure d’Orly. Ce n’est pas ce que les Français attendent de lui.

ADP a un caractère stratégique

Face à ce genre de déclarations « la mobilisation est plus que jamais nécessaire insiste le syndicat FO-ADP. Pascale Lapierre rappelle ainsi que les salariés d’ADP se battent aussi pour la défense des services publics. Alors que les syndicats d’ADP dont FO avaient sollicités une rencontre la semaine dernière avec le chef de l’État, ils n’ont pas été reçus regrette la militante. Ils n’ont pas davantage d’informations sur l’avenir d’ADP de la part du gouvernement, pas même de leur direction qui leur a indiqué seulement vouloir conserver le modèle industriel actuel de l’entreprise s’inquiète Pascale Lapierre.

Les syndicats dont FO rappellent désormais l’historique d’ADP. Constitué en 1947, ADP qui était un établissement public détenu à 100% par l’État est devenu en 2005 une société anonyme. La majorité du capital est restée détenue par l’État. Ce choix avait été décidé au vu du caractère stratégique et de la situation de monopole de l’entreprise soulignent les syndicats. La situation n’a pas changé, le caractère stratégique s’est même consolidé compte tenu du renforcement des mesures de sûreté et de la forte croissance du transport aérien mondial insistent-ils.

A l’époque, en 2005, indique Pascale Lapierre, l’État a inscrit dans la loi qu’il restait majoritaire dans ADP. Les syndicats remarquent encore que l’État n’a jamais recapitalisé ADP et par ailleurs en 2006, lors de l’augmentation de capital, non Les salariés d’ADP remettent donc les pendules à l’heure en réaction aux propos du ministre de l’Economie… Avant l’introduction en bourse, en 2006, l’État détenait 100% d’une entreprise valorisée à 3,84 milliards d’euros. Entre 2006 et 2018, l’État actionnaire a engrangé 1,59 milliard d’euros en vendant ses actions à Schiphol, Vinci…, ainsi que 1,32 milliard d’euros de dividendes, soit au total 3,91 milliards d’euros. C’est plus que la valorisation d’ADP en 2006 !

98% des salariés consultés refusent une privatisation

Dans leur lettre adressée au président de la République, les syndicats rappellent encore les efforts des personnels d’ADP et leurs inquiétudes actuelles. Des salariés qui en dix ans, au fil de trois plans sociaux ont vu fondre les effectifs de l’entreprise. Il y a dix ans en effet, ADP comptait 8 000 salariés. Depuis 2 000 emplois ont été supprimés indique Pascale Lapierre.

Si la participation de l’État dans ADP (50,6%) représente aujourd’hui neuf milliards, ce sont surtout les salariés de l’entreprise qui sont à l’origine de cette création de richesses soulignent fermement les organisations. Or aujourd’hui les salariés se sentent dénigrés par les orientations insufflées par le président de la République et relayées par le gouvernement. […] Les incertitudes pesant sur l’avenir d’Aéroports de Paris sont inacceptables et insupportables pour les milliers de salariés qui continuent chaque jour d’assurer leurs métiers et missions dédiées, dont celle de service public, de sureté et de sécurité.

Une consultation des salariés organisée récemment par les quatre syndicats représentatifs d’ADP dont FO a apporté une réponse claire : 98% des salariés votants se sont prononcés contre tout projet de privatisation rappellent les syndicats.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante