Mise en liquidation d’Air Antilles : FO s’inquiète pour l’emploi

InFO militante par Clarisse Josselin, L’inFO militante

Ian Gratton - Attribution 2.0 Generic (CC BY 2.0)

En pleine grève sur les salaires, le groupe aérien Caire (Air Antilles et Air Guyane) a été placé le 3 août en liquidation judiciaire, avec poursuite d’activité, par le tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre. Si l’entreprise dispose de deux mois pour trouver un repreneur, le syndicat SNPNC-FO d’Air Antilles redoute de possibles licenciements.

Quasiment à l’arrêt depuis le 14 juillet en raison d’une grève des pilotes, les liaisons aériennes assurées par Air Antilles et Air Guyane, les deux compagnies détenues par le groupe Caire, ont repris le 3 août entre la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et de nombreuses îles des Caraïbes. Mais pour les 300 salariés de l’entreprise, le ciel n’est pas serein pour autant. Les vols reprennent aujourd’hui mais on n’a pas fini la bataille, prévient Mélissa Germé, déléguée syndicale SNPNC-FO au sein de la compagnie Air Antilles.

Le 27 juillet, son syndicat avait appelé les personnels au sol et les hôtesses et stewards à rejoindre le mouvement social lancé par les pilotes. Ce n’est pas le premier conflit que connaît l’entreprise. D’autres appels à la grève avaient déjà été lancés en décembre dernier, ainsi qu’en 2021. Les revendications du SNPNC-FO, récurrentes, portent sur les salaires et les conditions de travail. Parmi elles, le respect des dispositions conventionnelles pour l’ensemble des personnels au sol, avec le versement de toutes les rémunérations associées. Pour les hôtesses et stewards, le syndicat dénonce l’absence de grille salariale et un système de rémunération d’un autre temps au point qu’un Smic n’est pas toujours garanti.

Un dialogue social

Mélissa Germé déplore un climat de travail délétère, des plannings changés au dernier moment sans respect de la vie personnelle des salariés et un dialogue social des plus compliqués. On a des journées de malade, on est le petit bus de la Caraïbe pour un salaire qui ne suit pas, dénonce-t-elle. Mais il n’y a pas de NAO, pas moyens de parler salaires ou conditions de travail hors des réunions CSE qui sont les seules à être sont organisées. Selon la militante, difficile aussi pour le syndicat d’avoir accès aux comptes de l’entreprise, perpétuellement en déficit.

Face à la situation alarmante au sein de la compagnie aérienne et à l’impossibilité d’engager le dialogue avec la direction, le bureau national du SNPNC-FO avait alerté le 25 juillet les ministères des Transports et des Outre-mer et demandé la nomination d’un médiateur. Dans un communiqué, il se disait profondément préoccupé par le comportement du directeur actionnaire, Éric Koury personnage particulièrement peu sensible aux questions sociales et aux démêlés judiciaires connus. Le syndicat national pointait aussi, de la part de ce dernier, des agissements menaçants envers les employés, notamment l’évocation d’un dépôt de bilan.

La médiation a échoué

Une médiation a effectivement pu être lancée avec le Secrétariat général pour les affaires régionales (SGAR) auprès du préfet de Guadeloupe le 26 juillet. Mais ce même-jour Éric Koury a déposé une demande de mise en cessation de paiement auprès du tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre. Cette situation a contraint le SNPNC-FO à devoir renoncer à ses revendications salariales. Et la médiation a échoué.

Le 3 août, la justice a placé le groupe Caire en liquidation judiciaire avec poursuite d’activité. Deux administrateurs judiciaires ont été nommés. L’entreprise a désormais deux mois pour trouver un éventuel repreneur. Nous ne pouvons plus travailler dans ces conditions mais nous ne sommes pas soulagés pour autant par la mise en liquidation, nous ne savons pas à quel prix va se faire la reprise, nous craignons des licenciements, explique Mélissa Germé.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération