Agnès Andersen : Défendre les collègues me passionne

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

Proviseure de lycée à Bischheim (Bas-Rhin), la nouvelle secrétaire générale d’ID-FO, 58 ans, est une militante aguerrie. Elle fait des conditions de travail la priorité de son mandat.

Rentrée chargée pour Agnès Andersen, qui a pris en mars dernier la tête d’Indépendance et Direction-FO (ID-FO), deuxième syndicat des personnels de direction de l’Education nationale. En ces jours traditionnellement tendus, la proviseure du lycée à Bischheim, au nord de Strasbourg (Bas-Rhin), a aussi dû gérer les multiples sollicitations des médias sur l’interdiction du port de l’abaya à l’école. Logique : ID-FO, qui fait du respect de la laïcité, et de la préservation de l’Ecole publique, un préalable absolu, a été mi-2022 le premier syndicat à exiger des directives claires sur le sujet.

Il était urgent que l’État prenne ses responsabilités, au lieu de se défausser sur les personnels de direction. Sur ce dossier, comme sur le nécessaire report en juin des épreuves de spécialité du bac, notre voix a porté, se félicite la militante, pas dupe pour autant de la tentative ministérielle de détourner l’attention. Des pénuries de personnels, par exemple, qui minent tous les corps de l’Education nationale et placent au cœur de la tempête les chefs d’établissements sommés, malgré tout, de conduire les réformes : Pacte Enseignant, lutte contre le harcèlement, transformation des établissements pour vacciner contre le papillomavirus, réforme des 6e et des lycées professionnels…

Le syndicalisme, une tradition familiale

Militante aguerrie, la secrétaire générale, 58 ans, a su saisir l’occasion, fin août, de la visio-conférence format XXL, organisée par le nouveau ministre de l’Education avec 11 000 recteurs, principaux, proviseurs, pour rappeler les revendications FO. Sur les salaires qui n’ont pas été revalorisés à la hauteur de la multiplication des missions, sur les conditions de travail dégradées, sur les déroulés de carrière qui n’en sont plus. Les personnels de direction sont proches du point de rupture, martèle cette adepte du faire et faire-savoir.

Petite-fille et fille de militant (dans l’industrie du décolletage en Haute-Savoie), elle a été à bonne école. Le syndicalisme est une tradition familiale, sourit Agnès Andersen, engagée dès son entrée à la fac de Strasbourg en 1984. Depuis, la licenciée en langue et civilisation allemande n’est jamais restée sans carte. Ni à ses débuts comme maître-auxiliaire, ni une fois titularisée en 1995, Capes de documentation en poche. Ni pendant ses années au Danemark, où elle suit son mari en 1999, détachée auprès de l’Agence Enseignement du Français à l’étranger (AEFE). On n’en saura pas plus : ce qui est personnel reste personnel. Du pays d’Andersen, elle réussit en 2003 le concours de personnel de direction et adhère à Indépendance et Direction sitôt revenue en France, pour un premier poste de principale-adjointe à Tours (Indre-et-Loire).

Les personnels attendent des actes

Devenue membre du bureau académique ID-FO de Strasbourg en 2011, elle en prend la tête en 2014, remarquée pour son investissement en commission administrative paritaire. Défendre les collègues me passionne. Je suis très attachée au respect des droits et de l’humain. En 2015, la voilà au bureau national et, dès 2019, secrétaire générale adjointe, très investie dans la communication ainsi que dans et la formation des adhérents, notamment en ce qui concerne cette nouvelle gestion publique qui nie toute différence de nature entre gestions publique et privée. Notre rôle, c’est aussi de lever le voile sur l’évolution des politiques éducatives, note la quinqua, qui se fait fort de déconstruire la novlangue managériale. Lorsqu’il lui a passé le flambeau en mars dernier, son prédécesseur Franck Antraccoli a salué son analyse des dossiers [qui] lui permet d’avoir un regard impartial et objectif sur tout ce qui nous est présenté par nos autorités.

Bien que première secrétaire générale de l’histoire d’ID-FO, Agnès Andersen n’en fait pas un événement : C’est normal, le corps est très féminisé. Sa priorité ? Améliorer les conditions de travail. Depuis dix-huit mois, ID-FO se bagarre pour que le sujet soit traité en Comité social d’administration ministériel (CSA-M). Le ministre s’est engagé à ce que ce soit fait dans les semaines qui viennent. Les personnels de direction attendent des actes concrets. Ils ne resteront pas les bras croisés, avertit la nouvelle secrétaire générale, déterminée.

Il y a un an, le 15 septembre 2022, lD-FO avait manifesté devant le ministère de l’Education nationale, pour mettre en lumière l’épuisement des personnels de direction face à la surcharge de travail imposée, depuis 2018, par le train continu de réformes.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération