Alinéa, Galeries Lafayette : la casse sociale continue

InFO militante par Fanny Darcillon, L’inFO militante

Mobilisation des employés de l’enseigne d’ameublement Alinéa contre les licenciements à Rosny-sous-Bois – août 2020. © Eric TSCHAEN/REA

Tandis que soixante-quatre nouvelles suppressions de postes ont été annoncées chez Alinéa, mille salariés des Galeries Lafayette attendent toujours avec angoisse de connaître leur sort. L e prêt-à-porter n’est pas le seul secteur commercial à connaître la tourmente, les plans de licenciements et les fermetures de magasins. Dans l’ameublement aussi, certaines enseignes font grise mine. À peine plus de trois ans après son précédent PSE, la marque Alinéa, qui appartient à l’association familiale Mulliez (AFM), supprime à nouveau soixante-quatre postes dans sa boutique d’Avignon (Vaucluse). En cause, la transformation d’une vingtaine de magasins Zodio – autre enseigne de décoration et de cuisine, également propriété de la galaxie Mulliez – en boutiques Alinéa.

Sauf qu’à Avignon, deux magasins coexistaient jusqu’à présent, un Zodio et un Alinéa. La direction a tranché : le local choisi sera celui de l’ancien Zodio, bien plus petit que son voisin et nécessitant donc moins de personnel.  Ça a été une très grosse surprise, témoigne Michael Bosvet, délégué syndical central FO chez Alinéa et technicien licencié du site d’Avignon. On pensait à une réduction de surface, mais pas à une fermeture !

La direction continue de soutenir mordicus qu’il ne s’agit pas de licenciements économiques, mais d’une réorientation stratégique liée à la fusion avec Zodio. Mais c’est bien une question d’économies, proteste Michael Bosvet. La direction juge que le bâtiment de 10 000 m2 coûte trop cher, et opte pour un site qui en fait à peine 3 000. Le délégué FO se tient aux côtés des autres salariés sacrifiés, afin qu’ils quittent l’entreprise dans les meilleures conditions possibles. Nous sommes nombreux à avoir donné entre quinze et trente ans de notre vie à cette boîte, et nous n’avons pas demandé à être licenciés. Nous voulons partir dans de très bonnes conditions, à la hauteur des moyens de la famille Mulliez ! Cette dernière est en effet classée sixième fortune de France.

De trop rares reclassements internes

Problème : l’AFM rechigne toujours autant à proposer des reclassements internes dans les autres enseignes qu’elle détient. C’est la problématique de la galaxie Mulliez, déplore David Malézieux, secrétaire adjoint de la section fédérale FO-Commerce & VRP. Elle a cloisonné toutes ses entités juridiques, qui essaient de faire croire qu’elles ne sont pas en lien les unes avec les autres : il n’y a pas d’effort de reclassement. Dans l’ensemble de l’AFM, le dialogue social est réputé très dégradé. David Malézieux dénonce un mélange de cynisme et d’avidité, tout en essayant de garder une belle image de l’entreprise, au détriment hélas des travailleurs.

L’AFM n’est pas le seul grand groupe à semer de la casse sociale sur son chemin. L’empire de Michel Ohayon, homme d’affaires bordelais qui détenait il y a peu Camaïeu (liquidée en 2022), Gap et Go Sport (cédées à d’autres enseignes), s’effrite toujours un peu plus. Les mille salariés des vingt-six magasins Galeries Lafayette qu’il détient sont toujours dans l’attente de la décision du tribunal de commerce de Bordeaux, reportée au 20 mars. Afin d’éviter la fermeture de ses boutiques, Michel Ohayon a cette fois présenté un plan de sauvegarde consistant à passer l’éponge sur 70 % de ses dettes et à miser sur une croissance de 11 %.

Fanny Darcillon

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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