Austérité : les orchestres interpellent la ministre de la Culture en musique

InFO militante par Clarisse Josselin, L’inFO militante

© Syndicat National des Musiciens et du Monde de la Musique Force Ouvrière

Les orchestres symphoniques et les maisons d’opéra, exsangues financièrement, sont contraints de réduire leur programmation et certaines structures sont même en péril. Des musiciens venus de toute la France ont joué le 26 juin à Paris à proximité du ministère de la Culture, à l’appel de FO notamment, pour exiger un refinancement de la part de l’État.

La culture souffre et nos maisons sont en danger ! Tel est le cri d’alarme lancé le 26 juin par Baptiste Gibier, hautboïste et secrétaire général adjoint du syndicat national des musiciens et du monde de la musique (SN3M FO), à la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak. Pour bien se faire entendre, plusieurs dizaines de musiciens, venus de toute la France, ont monté un orchestre sur la place du Palais Royal à Paris, à proximité du ministère, à l’appel de deux syndicats. Ils ont interprété quelques morceaux, comme l’ouverture de Carmen de Bizet ou un chant de lutte chilien, en alternance avec des prises de paroles.

Les ensembles permanents, dont les musiciens sont en CDI, exercent de véritables missions de service public, en faisant vivre le patrimoine musical sur tout le territoire et en le rendant accessible au plus grand nombre. La France en compte 37, pour 2500 musiciens. Mais les subventions versées par l’État et les collectivités territoriales n’ont pas été revalorisées depuis des années – quand elles n’ont pas diminué – et les structures sont exsangues. Dans le même temps, les missions, elles, n’ont cessé de se diversifier.

Depuis dix ans, la part de l’État dans nos financements ne fait que baisser et nous fonctionnons à flux tendu. Les postes vacants s’accumulent et le nombre de concerts diminue, au risque de ne plus pouvoir justifier la permanence des emplois, a alerté Baptiste Gibier. Il estime par ailleurs que le niveau de vie de la profession a baissé de 30% en 20 ans.

Fusion à marche forcée des deux orchestres de Normandie

Incapables de faire face à la hausse des coûts de fonctionnement, les opéras sont contraints de réduire la voilure en revoyant à la baisse les ambitions artistiques de leur programmation à la baisse, en annulant des spectacles ou même en fermant temporairement leurs portes au public, comme ce fut le cas à Rouen.

Ce 26 juin, devant le ministère de la Culture, une musicienne de l’orchestre de l’opéra de Tours a alerté sur la précarité des emplois dans sa structure alors que le Centre-Val de Loire est, avec la Corse, la seule région dépourvue d’orchestre permanent. Le concours débouche sur des contrats en CDD pour les répétitions et les concerts, a-t-elle dénoncé. L’orchestre est devenu une variable d’ajustement au sein de la structure, l’activité artistique n’a eu de cesse de baisser depuis 7 ans pour atteindre un seuil extrêmement critique. Elle a exigé des embauches en CDI.

A Lille, malgré 12 postes vacants, le budget 2024 n’est pas à l’équilibre. Sans plan de refinancement initié par l’État, l’avenir de l’orchestre national à court-terme est incertain, a prévenu un musicien de cet ensemble. Pour faire des économies, la région Normandie porte aussi un projet de fusion-absorption à marche forcée des deux orchestres de Rouen et Caen. A ce rythme, un orchestre aura disparu sur le territoire en 2024, a alerté un musicien de l’orchestre de l’opéra de Rouen. Pour le syndicat SN3M-FO, il appartient à l’État et de relancer sans délai le financement d’un service public de l’excellence artistique et de créer les conditions de la pérennité de nos ensembles et maisons d’opéra.

A l’issue de cette sérénade jouée sous ses fenêtres, la ministre de la Culture n’a pas reçu l’intersyndicale. Un « pacte » est en cours de négociation entre l’État, les collectivités territoriales, les syndicats d’artistes et les directions. En l’état actuel des discussions, ce pacte ne nous convient pas, il contient de bonnes intentions, mais sans aucune mesure financière à la clé, dénonce Baptiste Gibier.

La ministre pourrait faire des annonces le 11 juillet, lors du festival Accord majeur d’Aix-en-Provence.

 Voir en ligne  : Page Facebook Sn3m-fo

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération