Stop à la censure, stop au harcèlement, solidarité avec le syndicat FO et notre délégué
. La banderole a été accrochée le 20 juillet sur la grille d’entrée du site Faurecia Intérieur Industrie (FII) de Saint-Michel-sur-Meurthe, dans les Vosges. Ce jour-là, sur les 347 salariés que compte l’usine, 310 personnes ont débrayé durant au moins trois heures pour exprimer leur soutien au syndicat FO et à son délégué central Franck Pattin, sur un appel lancé le matin-même.
L’affaire avait démarré un an plus tôt presque jour pour jour. En juillet 2020, suite à une erreur comptable, la direction de FII avait demandé aux salariés de rembourser la moitié de leur prime de participation aux bénéfices, au motif que le montant de ceux-ci étaient moindres qu’attendu. Un tel remboursement était inimaginable pour FO qui s’y était aussitôt opposé. Les quatre autres syndicats représentés au comité social et économique central (CSEC) avaient d’abord adopté une position similaire dans le cadre d’une intersyndicale, avant de faire volte-face. Ils ont accepté de négocier sur les modalités de remboursement et on s’est retrouvés tout seuls
, explique Franck Pattin.
Après plusieurs débrayages massivement suivis à l’appel de FO, désormais seul dans la bataille, et plusieurs séances de négociation, un accord a finalement été trouvé fin septembre avec la direction de la filiale de l’équipementier automobile. Ce texte, signé par les cinq syndicats, a permis aux salariés de conserver leur prime. Une belle victoire, mais qui coûte cher au syndicat FO et à ses représentants.
Révoqué de son poste de secrétaire du CSEC
Depuis c’est l’enfer
, explique Franck Pattin, également secrétaire général de l’union départementale FO des Vosges. Avec 30% de représentativité à l’échelle de l’entreprise, et une écrasante majorité sur les sites de Saint-Michel-sur-Meurthe (85%) et Bains-sur-Oust (80%), le syndicat FO pèserait-il trop lourd ?
Le militant dénonce des faits de harcèlement, de censure et d’entrave. Ainsi, en novembre dernier, lui qui avait été élu secrétaire du CSE central à l’unanimité depuis quinze ans, et renouvelé dans ses fonctions à la majorité il y a encore deux ans, a fait l’objet d’une procédure de révocation. Bien qu’il ait démonté point par point la série de griefs qui lui étaient reprochés, un tissu de mensonges
d’après lui, il a été destitué de son poste en février. Une révocation qu’il considère comme un acte de représailles après la bataille sur les primes.
Depuis, Franck Pattin, estimant qu’il n’avait cessé de faire l’objet d’attaques lors des CSEC et autres séances de négociations, qui se sont tenus en distanciel, a fait plusieurs alertes auprès de la direction, y compris auprès du directeur général du groupe Faurecia. Ce dernier a proposé la nomination d’un observateur externe chargé d’assister à quelques réunions du CSEC pour rendre compte de leur déroulé. Cela ne réglera pas le problème de censure, d’entrave et de harcèlement
, s’inquiète le militant, que cette situation a conduit à faire un burn-out en juin dernier.
L’accord de branche sur l’APLD négocié à la baisse
Le 19 juillet, à la veille de la mobilisation des salariés, les membres du CSEE Faurecia de Saint-Michel sur Meurthe ont voté à l’unanimité – y compris la CFE-CGC - une motion pour alerter la direction et les salariés sur la situation du dialogue social dans l’entreprise. Ils font le constat que les élus FO de Faurecia Saint Michel font l’objet d’un traitement inadmissible par de l’entrave, de la censure, le refus de possibilité de concertation de la délégation ou l’absence de recueil d’avis des élus FO, concrétisé dernièrement encore lors d’une réunion de négociation en distanciel le 18 mai concernant l’APLD
.
Franck Pattin est d’autant plus remonté de n’avoir pas pu faire entendre sa position que FO appelait de ses vœux cette négociation sur l’APLD (activité partielle de longue durée). On pensait qu’au moins l’accord de branche de la plasturgie sur l’APLD s’appliquerait mais au final il a été négocié à la baisse, et il est moins disant pour les sites qui se sont mobilisés pour le maintien de la prime,et qui sont aussi les plus impactés par baisse d’activité liée à la crise mondiale des semi-conducteurs
dénonce-t-il. Dans leur motion, les élus du CSEE pointent également un acharnement et harcèlement sur la personne de Franck PATTIN, qui est DSC FO FII, mais aussi le secrétaire du CSEE de Saint Michel.
Ce soutien touche particulièrement le militant. Ça fait 33 ans que je me bats pour les camarades, bien que secrétaire d’UD, je suis viscéralement attaché à mon syndicat de base, c’est mon engagement militant
, poursuit-il. Selon lui, les salariés du site vosgien ont décidé que la mobilisation pouvait se répéter à tout moment. Elle pourrait prendre plus l’ampleur à la rentrée, en s’étendant éventuellement à d’autres sites.