Quelque 600 militants ont participé au XXIIe congrès de la fédération FO Com (Postes et Télécommunications) que l’union départementale de l’Aveyron a accueilli du 9 au 12 juin à Rodez. Un congrès particulièrement dynamique avec une centaine d’interventions de délégués à la tribune. Un congrès également marqué par l’élection d’un nouveau secrétaire général, puisque Philippe Charry (Orange) a succédé à Jacques Dumans, dont le rapport d’activité a été approuvé à une très large majorité au vu notamment de la progression réalisée par FO Com aux élections professionnelles et en nombre d’adhérents.
Et un « congrès pour résister » souligne le nouveau secrétaire général de la fédération (voir interview), dans un contexte où les suppressions d’emplois et la dégradation du service public s’accélèrent, mais aussi où le mécontentement des personnels se fait de plus en plus sentir. A La Poste, par exemple, des grèves localisées se multiplient au service courrier, les facteurs refusant une réorganisation de leur journée de travail. Le 24 juin, l’ensemble des organisations syndicales ont d’ailleurs quitté la table des négociations nationales, exigeant un moratoire sur la réorganisation avant toute discussion.
Pour un service public sur l’ensemble du territoire
Par leurs interventions en plénière, mais aussi dans leurs résolutions discutées en commissions, les délégués ont réaffirmé leur attachement au Service Public et souligné la nécessité que l’État cesse de se désengager, dans le prolongement des interventions du secrétaire général de la confédération Jean-Claude Mailly et de Christian Grolier, Secrétaire Général de la Fédération Générale des Fonctionnaires FO. Les délégués ont notamment revendiqué le retour à un maillage serré du réseau des bureaux de poste sur l’ensemble du territoire, y compris en zone rurale, et un pôle financier public d’État.
Ils ont dénoncé la décision du gouvernement d’inscrire dans le projet de loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) la mise en place de « maisons de service au public ». Un projet selon eux « inacceptable, ambigu et dangereux », dont ils demandent le retrait avec la fédération générale des fonctionnaires car « il introduit les intérêts privés dans le service public et ne donne aucune garantie sur la nature et la quantité des emplois impactés ».
Pour Orange, les délégués ont fait savoir qu’ils « réfutent le discours de la Direction qui s’appuie sur la crise économique et financière, les mutations technologiques et l’arrivée d’un 4e opérateur pour justifier les suppressions d’emplois, les réorganisations et les restrictions budgétaires de tous ordres (…) alors que, dans le même temps, Orange maintient chaque année le versement de dividendes trop importants aux actionnaires au détriment des conditions de travail, salaires et investissements qui garantissent les emplois de demain ».
Là aussi, les congressistes ont revendiqué la reprise en main d’un service public des télécommunications ambitieux pour que tous les citoyens du pays aient accès au meilleur niveau de technologie, en particulier avec le déploiement de très haut débit, dans des conditions identiques sur tout le territoire.
Contre les destructions d’emplois et la précarisation
La question de l’emploi, particulièrement préoccupante dans les secteurs de la communication, a bien sûr été au cœur des débats. Les congressistes ont exigé la restitution des emplois supprimés ces dernières années. Ils ont condamné les destructions d’emplois et un recours massif aux CDD sur des emplois pérennes, en particulier pour l’embauche des plus jeunes.
Ces jeunes et salariés précaires, les militants FO entendent bien les syndiquer de plus en plus nombreux. Ils ont souligné de premiers succès en la matière, comme ceux découlant de l’action en justice engagée depuis plusieurs années par FO contre la direction de La Poste pour la contraindre à respecter un accord sur l’égalité de traitement entre fonctionnaires et salariés de droit privé. Une action qui a déjà contraint l’entreprise à payer ce qu’elle devait à des centaines de salariés.
Enfin, les délégués au XXIIe congrès de FO Com ont souligné que les raisons qui ont conduit à réaliser la journée de grève interprofessionnelle et de manifestations du 9 avril, contre le pacte de responsabilité et la loi Macron, « n’ont pas disparu, tout au contraire ». Le congrès a appelé ses militants, ses adhérents et les salariés de ces entreprises à résister « face aux politiques libérales et d’austérité » qui impactent pleinement le secteur postal et celui des télécommunications.
Le désengagement de l’État à La Poste et dans les télécommunications en quelques chiffres
– 7 000 : c’est le nombre de bureaux de poste qui ont fermé ces dix dernières années en zone rurale. 7 000 de plus pourraient disparaître dans les prochaines années, y compris dans les villes, du fait de la transformation d’une partie du réseau postal en réseau d’agences bancaires.
– 14 915 emplois ont été supprimés à La Poste de début 2012 à fin 2014.
– 84 millions d’euros : c’est le montant de la subvention qui a été retirée à La Poste. Elle lui était jusque-là versée pour le transport de la presse. FO en exige la restitution.
– 71% des postières et postiers gagnent moins que le salaire moyen des français (2128 euros) et près de 40% moins que le salaire médian (1 730 euros).
– Chez Orange, environ 10 000 emplois ont été détruits de début 2012 à fin 2014. Le rythme des suppressions d’emplois devrait s’accélérer en 2015 et 2016 (5000 par an en moyenne). Si l’on ajoute les emplois détruits dans la foulée chez les sous-traitants de premier niveau (centres d’appels, réseau boutiques, entreprises techniques, fournisseurs) le nombre de suppressions d’emplois est de l’ordre de 40 000.
– 5 milliards d’euros : c’est ce qu’a coûté à l’État la destruction de l’’infrastructure nationale des télécommunications à travers le plan THD (Très Haut Débit), le gouvernement ayant confié à RIP (Réseaux d’Initiative Publique) la responsabilité des réseaux départementaux de fibre optique. En plus de la terrible régression que constitue cette balkanisation des télécommunications, le Congrès dénonce l’immense gâchis qui en découle en terme d’argent public.