Une journée d’actions le 22 mars prochain ? Plus que jamais ont répondu en substance ce mardi 27 février dans la matinée les sept organisations de la fonction publique appelant à cette journée de grève et de manifestations.
Les syndicats dont FO à travers son interfédérale UIAFP-FO placent le dossier du pouvoir d’achat au cœur de ce mouvement de protestation. Mais pas que. En effet après que le gouvernement a annoncé notamment le gel des traitements/salaires pour 2018, la remise en vigueur du jour de carence pour maladie ou encore la compensation (sous la pression des syndicats) de la hausse de la CSG mais non un gain de pouvoir d’achat comme promis, les agents des trois versants de la fonction publique (5,4 millions de personnes) pris connaissance de nouvelles annonces. Et là encore pas des plus réjouissantes.
Début février le gouvernement a en effet annoncé ses projets de réforme à l’issue d’un premier « comité interministériel de la transformation publique ». D’autres mesures devraient être annoncées en mars, émanant cette fois du comité d’action publique 2022 (CAP 2022). D’ores et déjà, le gouvernement qui prévoit d’ouvrir une grande concertation au cours de l’année avec les syndicats a annoncé qu’il souhaitait, entre autres, développer l’emploi contractuel, la rémunération au mérite mais aussi organiser un plan de départs volontaires (cela après avoir annoncé à l’automne la suppression de 120 000 emplois publics en cinq ans).
« On défend le modèle social »
Ces annonces faites sans concertation préalable constituent une nouvelle provocation du gouvernement. Les mesures annoncées constituent une attaque contre le statut général de la fonction publique
soulignait ce mardi Christian Grolier, le secrétaire général des fonctionnaires FO (IUAFP-FO).
Les sept organisations appelant au 22 mars se défendent de faire dans le corporatisme. Le statut c’est tout ce qui porte les valeurs républicaines. Il est protecteur aussi pour l’usager
. Le statut garantit notamment l’égalité des droits et de traitement des usagers cela par exemple à travers le devoir de neutralité de l’agent dans l’exercice de ses missions.
Lorsque l’on défend le statut c’est aussi le modèle social [français, NDLR] que l’on défend
résume Christian Grolier s’interrogeant comme ses homologues syndicaux sur le sens que revêt encore le « dialogue social » pour le gouvernement. Aujourd’hui il n’y a aucun dialogue social, alors on n’a pas le choix
. Concrètement, après la journée d’actions massivement suivie du 10 octobre 2017, l’action du 22 mars s’impose.
Sur le dossier des salaires, les sept organisations demandent d’ores et déjà au gouvernement d’ouvrir au plus vite des négociations
. Le 23 février, ces syndicats ont d’ailleurs adressé un courrier au ministre de l’Action et des comptes publics, M. Gérald Darmanin ainsi qu’au secrétaire d’État, M. Olivier Dussopt. Dans cette lettre ils demandent l’ouverture rapide de négociations pour pouvoir discuter d’une augmentation réelle et significative des salaires de toutes et tous les agents de la fonction publique, permettant une réelle reconnaissance de leur engagement professionnel quotidien qui contribue à la qualité des services publics, au développement du pays comme à la cohésion de la société
.
Lancement d’une pétition
Ce 27 février, les organisations rappelaient que, selon l’Insee, la perte de pouvoir d’achat des fonctionnaires est évaluée à 9% depuis l’an 2000. Sur le dossier des salaires comme sur celui du respect du statut général de la fonction publique, les syndicats considèrent que la journée du 22 mars doit être une alerte adressée au gouvernement. Ils entendent demander « solennellement » que des discussions soient ouvertes sur tous les sujets qui les préoccupent. Ils sont nombreux.
Les syndicats ont par ailleurs lancé une pétition ce 27 février. Celle-ci est intitulée pétition pour la fonction publique et les services publics, pour le pouvoir d’achat, les missions publiques, le statut, pour l’emploi et les conditions de travail
. Elle liste les différentes revendications. Cette pétition est mise en ligne par les différentes organisations. Elle fera aussi l’objet de distributions dans les services, ce qui permettra un contact direct avec les agents soulignent les syndicats pour qui c’est l’honneur des organisations de défendre un service public qui est synonyme d’intérêt général
.
Comment s’organisera la journée du 22 mars ? Alors que les syndicats de la fonction publique doivent se revoir lors d’une réunion intersyndicale le mardi 6 mars, déjà quelques éléments se précisent. La journée sera assortie d’une manifestation à Paris et dans les régions.
Convergence possible avec les cheminots
Dans la capitale, si l’itinéraire du cortège n’est pas encore déterminé, les syndicats évoquent la possibilité de deux cortèges qui pourraient converger à leur arrivée. Un cortège serait composé des agents de la fonction publique. L’autre des cheminots dont certaines organisations, FO notamment, appellent à une grève le 22 mars suite aux annonces faites par le Premier ministre. Des annonces qui portent sur des mesures de réformes pour la SNCF, entre autres la suppression du statut de cheminot pour les nouveaux embauchés.
Pour les syndicats de la fonction publique, s’il existe une plate-forme revendicative spécifique à la fonction publique
et si elle doit rester lisible
, il y a à l’évidence des points de convergence entre les revendications des agents et celles des cheminots, notamment celle de l’exigence de respect du service public
.