Hôpitaux : les personnels appelés à la grève pour de meilleures conditions de travail

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

Face à la situation catastrophique des hôpitaux publics, les personnels médicaux et non médicaux sont appelés à une journée nationale d’actions ce 20 juin à l’appel de FO-SPS et de trois autres organisations. Des rassemblements unitaires sont attendus sur tout le territoire.

Le conflit sur les retraites n’est toujours pas terminé que celui sur les hôpitaux publics se rappelle à l’exécutif. A l’appel de la fédération FO-SPS (services publics et de santé) et de trois autres organisations, les personnels médicaux et non médicaux des hôpitaux, ainsi que les agents des établissements de la Fonction publique hospitalière (FPH) des secteurs sanitaire, social et médico-social, sont appelés à la grève et à la mobilisation ce mardi 20 juin pour dénoncer la situation catastrophique des hôpitaux, ainsi que l’indique le préavis de grève déposé par FO-SPS. La situation serait plus critique encore que celle connue à l’été 2022.

Alerter les Français

Par cette nouvelle journée nationale d’actions, les syndicats clament une nouvelle fois la nécessité de mesures d’urgence sur les salaires, les effectifs, les conditions de travail. Des rassemblements unitaires – départementaux ou régionaux – sont prévus sur tout le territoire. Dans la capitale, il se tient à proximité de l’hôtel de ville de Paris, avenue Victoria. Un lieu choisi à dessein, pour sa fréquentation. Puisque l’exécutif refuse de nous entendre, nous allons alerter nos concitoyens sur les risques à venir dans les prises en charge à l’hôpital. Ils ont le droit de savoir. L’été pourrait s’avérer meurtrier faute de moyens, humains en particulier, explique Didier Birig, secrétaire général de FO-SPS qui appelle l’exécutif à un changement radical de politique de santé, pour remettre l’hôpital public en capacité de répondre aux besoins de soins de la population.

Exemple parmi de nombreux : à Strasbourg (Bas-Rhin), le 5 juin, jusqu’à dix véhicules de secours transportant des patients parfois sous oxygène ont été contraints de patienter de longues heures, en même temps, sur le parking du Nouvel hôpital civil (NHC), en raison de l’engorgement des urgences. Dans la soirée, le syndicat FO du NHC a déposé un droit d’alerte (le 55e depuis janvier 2022 !) : il y avait assez de personnel soignant pour prendre en charge 30 patients, pas le double, a-t-il commenté.

Effectifs, lits : l’hôpital reste en grande souffrance

Révélateur, l’appel à manifester de ce 20 juin est porté par un front commun d’organisations signataires du « Ségur de la Santé » (dont FO-SPS) ou non-signataires, témoignant de la gravité de la crise et de l’épuisement des personnels face à l’absence de mesures susceptibles de les faire sortir de la spirale infernale du manque de moyens. Après la pandémie, les agents pensaient qu’il y aurait une prise de conscience de l’exécutif. S’il y a eu des avancées, l’hôpital reste en grande souffrance. Des agents continuent de démissionner, faute de perspectives. L’exécutif continue de fermer des lits, de regrouper des établissements. Il a annoncé de nouvelles mesures (d’ici la fin du mois de juin, NDLR). Mais, si l’on en croit les indiscrétions qui ont filtré, aucune n’apporterait de solutions au manque de bras et de lits, appuie Didier Birig.

FO-SPS, qui alerte depuis vingt ans sur la dégradation des conditions de travail, revendique un plan Marshall de la santé, avec un cadre pluriannuel de recrutements chiffrés à 200.000 agents dans les secteurs sanitaire, social et médico-social.

Face au déni de dialogue social, le boycott des réunions ministérielles

Les quatre organisations dénoncent également le déni de dialogue social. Depuis six mois que l’exécutif a annoncé qu’un train de mesures concernant l’hôpital serait rendu public en juin, aucune organisation représentant les salariés n’a été consultée. C’est proprement inacceptable !, martèle le militant FO, inquiet quant au contenu des futures annonces. Elles risquent de n’être que des coquilles vides. Il n’y a eu aucune discussion sur les besoins et les moyens.

Les récentes annonces sur la création – dès la rentrée de septembre 2023 – de 2 000 places supplémentaires dans les instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi, NDLR) en ont fait la démonstration. Sur quelle base les besoins ont-ils été objectivés ? Personne ne sait. Ces 2 000 places supplémentaires ne permettront pas de renforcer l’accès aux soins. D’autant que 10 % des élèves infirmiers quittent la formation chaque année, rappelle le secrétaire général de la fédération FO-SPS, laquelle propose une base d’évaluation des besoins en recrutement – et donc en formation – bien précise : l’application d’un ratio soignants-soignés.

En conséquence, les quatre organisations refusent depuis le 11 mai de participer à toute réunion initiée par le ministère de la Santé et de la Prévention, ainsi qu’aux instances nationales : CSFPH (conseil supérieur de la Fonction publique hospitalière) et HCC (haut conseil des professions paramédicales). Elles en ont informé, par courrier, le ministre. A ce jour, il ne leur a fait toujours aucune réponse.

Salaire : le compte n’y est pas

Comme préalable à la reprise de leur participation, elles exigent la mise en place d’un agenda social répondant aux revendications des agents, portant quatre sujets : le retrait de la loi sur les retraites, la mise en place d’un plan de formation professionnel pluridisciplinaire et des recrutements massifs, l’arrêt des fermetures de lits et la réouverture des services fermés et, enfin, une véritable négociation salariale avec des mesures à la hauteur a minima de l’inflation.

Sur ce sujet encore, il y a urgence à agir. Les avancées financières du Ségur de la Santé ont été absorbées par l’inflation persistante, souligne Didier Birig, qui juge nettement insuffisantes les annonces du 16 juin sur les mesures de revalorisation salariale des agents publics. Au regard de l’important rattrapage nécessaire. Quand je suis entré en 1983 dans la fonction publique hospitalière, explique-t-il, les agents de catégorie C et B étaient respectivement rémunérés à 120 % et 140 % du Smic. Aujourd’hui, ces deux catégories ont été rattrapées par la hausse du Smic.

 

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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