François Hollande a peu évoqué le chômage lors de sa conférence de presse. Cela vous a-t-il choqué ?
JEAN-CLAUDE MAILLY. Cela ne m’a pas étonné. Que pouvait-il dire hier sur le chômage ? S’il en avait parlé, cela l’aurait obligé à détailler sa politique économique et sociale.
Il aurait dû faire une opération vérité et reconnaître qu’il avait échoué à faire baisser le chômage et qu’il fallait changer de politique. Mais hier, il a voulu réaffirmer qu’il ne changeait pas d’orientation économique. Il a confirmé la loi Macron, le pacte de responsabilité... Bref, il reste sur la même logique libérale.
Pourtant, relancer l’emploi est l’objectif qu’il affiche...
Oui, mais sa politique ne fonctionne pas. Il reste dans une logique d’austérité. Et il ne faut pas compter sur une inversion de la courbe du chômage vu que la croissance ne sera pas suffisante en France. Les seules perspectives encourageantes que nous avons à l’heure actuelle viennent de l’extérieur — la baisse de l’euro, des taux d’intérêt et des prix du pétrole —, nous n’avons aucune prise là-dessus.
Qu’attendez-vous du gouvernement ?
Sur l’emploi, la question, c’est de savoir comment on soutient l’activité économique. A l’heure actuelle, nombre d’entreprises se plaignent d’avoir un problème de demande. Pour sortir de cette situation, il faudrait redonner du pouvoir d’achat aux Français, en augmentant les salaires notamment. Par ailleurs, il faudrait mieux cibler les aides aux entreprises. L’année dernière, hors CICE et pacte de responsabilité, 110 milliards ont été distribués aux employeurs. Il faudrait avoir une meilleure visibilité sur l’utilisation de cet argent. Enfin, il faut relancer notre politique industrielle par le biais de l’investissement. Il faut investir, même si cela signifie s’endetter, pour relancer la croissance. Et la France doit pouvoir se faire entendre sur ce point au niveau européen.