La grande crise de 1929

Histoire par Christophe Chiclet, L’inFO militante

La foule rassemblée devant Wall Street, à New York, le « Mardi noir » du 29 octobre 1929 pendant le krach boursier. © Glasshouse/ZUMA-REA

La célèbre crise de 1929 est certainement la première crise majeure du capitalisme contemporain. Elle a plongé des millions de travailleurs dans la misère et a accouché de la tragédie de la Seconde Guerre mondiale.

à  la suite d’une spéculation effrénée, Wall Street, la Bourse américaine de New York, commence à accuser une baisse de ses cours dès septembre 1929. Puis le 24 octobre, c’est le fameux « Jeudi noir » avec un krach qui voit les actions chuter de 40 % à 60 % en une cotation. C’est la panique. Certains boursicoteurs se suicident. Le capitalisme américain se fissure. Sur les 24 000 banques du pays, 5 000 font faillite. L’indice de production, de 119 en 1929, passe à 63 en 1933 et, dans le même temps, la production de fer passe de 134 à 19, celle d’automobiles de 137 à 31 et le revenu moyen chute, passant de 1 719 à 772 dollars. Un travailleur sur quatre se retrouve au chômage (13 millions).

Il faut attendre l’élection de Roosevelt en 1933 et son New Deal pour que le pays reparte avec des investissements massifs de l’État dans l’économie par sa politique de grands travaux (routes, chemins de fer, barrages…). Mais le mal est fait à l’échelle planétaire. À l’époque, il n’y avait pas d’informatique ni d’Internet. C’est ainsi que la crise n’a franchi l’Atlantique qu’un an et demi plus tard.

Les germes de la guerre

C’est l’Autriche qui est la première touchée car ses banques avaient pris beaucoup de positions à Wall Street. Le 12 mai 1931, le Kredit Anstalt de Vienne fait faillite. La crise économique devient politique. Trois ans plus tard le gouvernement abolit la Constitution démocratique. Il n’en sera qu’une proie plus facile en mars 1938 pour qu’Hitler annexe son pays d’origine.

L’Allemagne est touchée le 13 juillet 1931 avec la faillite de la grande banque Danad. Quinze jours plus tard, le pays se déclare en état de faillite et suspend le paiement de ses réparations de guerre. Bientôt l’Allemagne compte 6 millions de chômeurs qui vont rejoindre massivement les rangs de la SA puis des SS. Aux élections de juillet 1932, les nazis obtiennent 230 députés sur 607. Le 30 janvier 1933, Hitler est nommé chancelier. Un mois plus tard, il suspend la Constitution. La machine infernale est en marche.

Quant à la Grande-Bretagne, qui va compter 4 millions de chômeurs, elle suspend l’étalon-or. La livre est désormais liée au dollar. Une soixantaine de pays font de même (sauf la France), ce qui entraîne dévaluation et baisse du pouvoir d’achat. Dès juin 1930, les États-Unis prennent des mesures protectionnistes, suivis par le Royaume-Uni en février 1932. La crise de 1929 va déstabiliser les fragiles démocraties, plongeant le monde dans la barbarie.

 

La France moins touchée
Le pays est atteint en 1931, mais sa production ne va baisser que de 23 % contre 42 % en Allemagne. La production industrielle (indice 100 en 1931) va chuter à 77 en 1932 pour remonter à 91 en 1933. Le chômage passe d’un taux de 2 % à 15 % en deux ans et touche environ 300 000 travailleurs. La France n’avait pas abandonné l’étalon-or, permettant ainsi une certaine stabilité économique.

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération