La protection sociale, un booster pour les économies mondiales

InFO militante par Sandra Déraillot, L’inFO militante

Alors que le taux de chômage mondial devrait redescendre sous son niveau de 2019, les pays du Sud peinent à récupérer de la pandémie. Une partie de la solution pourrait résider dans le développement de la protection sociale, dont des systèmes de retraite.

L es retraites sont le filet de sécurité le plus répandu. 77,5 % des personnes âgées dans le monde en bénéficient mais ce n’est le cas que de 23,2 % de celles résidant dans les pays à très bas revenu. Et de 38,6 % de celles vivant dans des pays à bas revenu. Or, en plus de l’objectif de justice sociale, la présence d’un système de retraite a un impact positif sur la croissance. En dix ans, la mise en place d’une telle protection sociale peut améliorer le PIB par habitant de près de 15 %.

Pour l’Organisation internationale du travail (OIT), ces données devraient permettre de mieux orienter les politiques publiques internationales, notamment celles qui cherchent à contrer l’impact des crises sur les marchés du travail régionaux. Les pays du Sud, par exemple, rencontrent davantage de difficultés à se remettre des effets de la crise du Covid.

Alors que le taux de chômage mondial est de 5,3 %, il est de 5,7 % dans les pays à bas revenu. Mais ce taux est moins évocateur que l’indicateur développé par l’OIT depuis 2021 : le déficit d’emplois. Celui-ci inclut toutes les personnes qui aimeraient avoir un emploi mais n’en ont pas (par exemple celles qui ont charge d’enfants ou de personnes âgées ou qui sont découragées de chercher), alors que le taux de chômage ne tient compte que des personnes en recherche active. Ce déficit est actuellement de 11,7 % au niveau mondial. Dans les pays à faible revenu il atteint 21,5 % (contre 8,5 % dans les pays à haut revenu), selon les données publiées le 31 mai.

Une solidarité internationale nécessaire et urgente

Les pays à bas revenu sont exposés à d’autres types de crises : catastrophes naturelles, conflits et hausse considérable des taux d’intérêt, ce qui pèse sur leur endettement et le financement des politiques publiques. Dans les pays surendettés, le déficit d’emploi atteint 25,7 %, voire 31 % pour les femmes. Alors que ces taux ne font que croître depuis 2005, 2023 ne donne aucun signal d’amélioration indique l’OIT. Cela révèle qu’il n’y a pas assez de nouvelles opportunités d’emploi pour des populations jeunes et en forte croissance, selon le rapport.

Dans ce contexte, l’OIT souligne l’importance de soutenir les politiques publiques créatrices d’emplois durables ainsi que l’investissement dans la protection sociale, même s’il apparaît coûteux dans un premier temps. La solidarité internationale, venant en soutien de la lutte contre les inégalités et le déficit d’emplois dans les pays en développement, est quant à elle une nécessité et une urgence.

 

Quand le paritarisme fonctionne : hausse des salaires en Espagne

À Madrid, les organisations de salariés et d’employeurs se sont entendues sur une augmentation générale des salaires de 4 % en 2023, puis 3 % en 2024 et 3 % en 2025. Une clause supplémentaire à l’accord permettra d’ajouter 1 % à la fin de chaque année si l’inflation dépasse les 4 %. En février dernier, le Premier ministre avait annoncé une augmentation du SMI de 8 %, ce qui porte à 47 % en cinq ans l’augmentation du salaire minimum, lequel affiche désormais un montant de 1 260 euros brut mensuels.

Sandra Déraillot Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération