Des dizaines de milliers de salariés des Ehpad et des services d’aide à domicile ont répondu présents à l’appel national inédit des fédérations syndicales FO, CGT, CFDT, CFTC, CGC, UNSA et SUD à cesser le travail le 30 janvier. Une forte mobilisation pour un secteur où les grèves n’ont pas une très grande visibilité, en raison de la présence nécessaire des personnels auprès des personnes âgées qu’ils prennent quotidiennement en charge, y compris les jours de grève et de manifestations.
Pour un ratio d’un agent par résident
Avec cette journée nationale, les personnels et leurs syndicats s’étaient fixé l’objectif de faire entendre au gouvernement leurs revendications : en priorité la mise en place d’un ratio d’un agent par résident et le retrait d’une réforme tarifaire inique, mais aussi des dotations budgétaires en lien avec les besoins et l’amélioration des rémunérations et des évolutions de carrière.
En clair les salariés et leurs syndicats demandent des effectifs supplémentaires et les moyens financiers ad-hoc pour effectuer leurs missions dans des conditions décentes pour eux et pour les résidents des Ehpad.
L’appel des syndicats s’est traduit par de nombreux débrayages dans les Ehpad, par des rassemblements et des manifestations dans les départements, ou encore par le dépôt des revendications auprès des Agences régionales de santé, des préfectures et des conseils départementaux.
Un millier de manifestants à Lyon, 1 500 à Angers
A Lyon, un millier de personnes a participé à une manifestation, parmi lesquelles 400 militants et adhérents FO, venus des maisons de retraite du département.
En Alsace, après des distributions de tracts dans les gares du Bas-Rhin le 25 janvier, des rassemblements ont eu lieu à Strasbourg et à Mulhouse, et trois délégations intersyndicales se sont respectivement rendues à l’Agence régionale de santé, à la préfecture et au conseil départemental.
A Metz, un rassemblement devant le conseil départemental de Moselle a réuni plus de cinq cents manifestants.
Dans le Maine-et-Loire, à l’appel commun des unions départementales des syndicats et de retraités, une manifestation à Angers a rassemblé 1 500 personnes, dont plus de 500 de Force Ouvrière.
Dans la Manche, plus de 300 personnes se sont rassemblées devant la sous-préfecture à Cherbourg, et 200 devant le conseil départemental à Saint-Lô.
Soutien des organisations de directeurs et de retraités
La participation massive des personnels et les nombreux soutiens, parmi lesquels ceux d’associations de directeurs AD-PA et FNADEPA, d’associations de familles de résidents, de France Alzheimer et des organisations de retraités (dont l’UCR-FO), témoignent d’une demande quasi-unanime à régler une situation devenue dramatique dans les Ehpad, au fil des années.
Le 30 janvier au matin, la ministre des Solidarités et de la Santé assurait sur France 2 qu’elle comprenait la colère et l’épuisement
des personnels. Ces dernières années, les besoins en personnel ont augmenté sans que forcément les financements suivent
, concédait-t-elle.
Le gouvernement reste sourd aux revendications
L’après-midi, lors d’un rendez-vous avec les organisations syndicales au ministère, la représentante du cabinet d’Agnès Buzyn n’a pas fait d’annonces susceptibles de répondre aux principales revendications de personnels.
Le ministère reste sur ses précédentes déclarations de l’octroi de 50 millions d’euros supplémentaires pour les Ehpad, et il maintient la réforme de la tarification des Ehpad, c’est une véritable provocation
, indique Luc Delrue, le gouvernement doit entendre les revendications, nous ne lâcherons rien
.
Pour FO, la question de la grève totale doit être mise en discussion
Les sept fédérations syndicales ont prévu de se revoir le 31 janvier, pour dresser un bilan de la mobilisation et envisager une suite éventuelle à leur mouvement.
A FO, nous considérons que la mobilisation nationale du 30 janvier constitue un point d’appui. La question de la grève totale doit être mise en discussion dans chaque Ehpad et dans chaque service
, déclare Luc Delrue.
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