Parmi les jeunes de moins de 25 ans qui ne sont plus scolarisés, près d’un sur quatre (23,7%) est au chômage, selon les dernières statistiques de l’Insee. En avril dernier, en pleine contestation de la loi Travail, le Premier ministre avait promis de lancer une concertation pour favoriser l’accès des jeunes à un premier emploi durable.
Le coup d’envoi en a été donné le 27 septembre par la ministre du Travail Myriam El Khomri. Cette concertation se déroulera jusqu’au 8 décembre, au cours de six séances de travail thématiques. Y participeront les organisations syndicales, patronales, et de jeunesse.
L’objectif est « dans un premier temps, d’établir un diagnostic approfondi sur l’insertion professionnelle des jeunes », selon le discours d’ouverture de la ministre. Elle souhaite « dans un second temps », début 2017, l’ouverture d’une négociation nationale interprofessionnelle sur ce thème.
Un rapport définitif mi-décembre
Les rencontres seront préparées et animées par France Stratégie, organisme rattaché à Matignon, et la Dares, service statistique du ministère du Travail. Des intervenants extérieurs (chercheurs, experts, représentants des collectivités, acteurs du service public de l’emploi…) pourront y participer ponctuellement.
Les thèmes abordés concerneront la situation des jeunes en France vis-à-vis de « l’emploi durable et de qualité » (4 octobre) ; la transition entre l’éducation, la formation et l’emploi (19 octobre), l’efficacité des dispositifs d’insertion professionnelle des jeunes (3 novembre) ; les débuts de la vie professionnelle et l’acquisition de droits (17 novembre) et la levée des « freins périphériques » (logement, mobilité, équipement...) à l’emploi des jeunes (1er décembre). La dernière séance, le 8 décembre, sera conclusive et portera sur l’examen du pré-rapport établi par France-Stratégies et la Dares. Le rapport définitif est attendu pour mi-décembre.
La ministre a déjà proposé des « axes de travail », suggérant par exemple que les partenaires sociaux se servent de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) pour aider les jeunes diplômés victimes de discriminations et que les « outils paritaires » soient davantage mobilisés pour « lever les freins périphériques à l’accès au premier emploi ».
FO déplore que l’apprentissage ne soit pas abordé
« L’objectif des travaux est de voir comment les jeunes peuvent entrer durablement dans la vie active, là nous sommes d’accord, le sujet est important », a expliqué Michel Beaugas, secrétaire confédéral chargé de l’emploi et chef de la délégation FO, à l’issue de cette séance d’ouverture au ministère du Travail.
Il se montre également favorable à l’élaboration d’un bilan de tous les dispositifs existants. « On est toujours dans l’effet d’annonce, il y a toujours de nouvelles mesures et on ne les évalue jamais, c’est le problème de l’emploi en France », a-t-il ajouté.
La délégation FO a cependant rappelé à la ministre que plusieurs points restaient à éclaircir. « L’apprentissage n’est pas abordé, alors qu’en 2014, le président de la République avait évoqué la nécessité de réviser la grille de rémunération des apprentis et que la secrétaire d’État à la Formation vient de rappeler que cette grille était obsolète, précise-t-il. Le décret n’a toujours pas été pris, soi-disant parce que tout le monde n’est pas d’accord. Mais pour la loi Travail, le désaccord n’empêche pas la publication des décrets ».
Le chômage des jeunes a augmenté de 2,3 % en août
Alors que la ministre a fait valoir que « sur un an, le nombre de jeunes inscrits à Pôle emploi (avait) baissé de 3,5% », la délégation FO lui a rappelé que le chômage des jeunes sans aucune activité avait augmenté sur les trois derniers mois, et de 2,3 % en août dernier.
Sur l’éventuelle ouverture d’une négociation nationale interprofessionnelle, la délégation FO a obtenu que le document d’orientation soit discuté entre le cabinet de la ministre et les interlocuteurs sociaux, dans un deuxième temps. Initialement, il devait être basé sur le rapport issu des travaux de la concertation. Mais sur le fond, Michel Beaugas se montre sceptique : « pour négocier il faut être deux, et je ne sais pas si le patronat est disposé à négocier pour l’insertion des jeunes dans l’emploi. »