Ils ont tous fait grève le 11 septembre à l’appel des trois organisations syndicales du site, dont FO, ultra-majoritaire. Les ouvriers de l’usine de Montauban (Tarn-et-Garonne) de Biscuit international France ont ainsi obtenu ce qu’ils demandaient : le maintien de leur temps de pause mais aussi, d’être écoutés par la direction. Ce n’était pas le cas à l’évidence. Ainsi, la décision de la grève est née de la modification unilatérale du temps de pause par la direction. Au retour des congés d’été, nous avons eu la surprise d’apprendre que le temps de pause serait désormais d’une demi-heure par jour, quand la pratique avait toujours été d’une heure, dont une demi-heure tolérée
, explique Robert Poncharreau, délégué syndical central FO (DSC FO) de cette biscuiterie. Et le militant de préciser que le site de Montauban est grand et qu’il faut six minutes pour se rendre de la chaîne de production au lieu de pause
.
Le groupe Biscuit international France (ex-groupe Poult), qui fabrique des produits pour des marques de distributeurs, est détenu par un fonds d’investissement américain. Le groupe possède 30 usines en Europe dont quatre en France employant 600 salariés, dont 390 à Montauban. Le 11 septembre, 98% des ouvriers ont cessé le travail, aucune ligne de production n’a pu démarrer
, précise le militant. Les ouvriers ont obtenu une heure de pause par jour – la demi-heure tolérée est devenue un droit –, et des groupes de discussion, composés d’élus du personnel et de représentants de la direction, au niveau des lignes de production
. Il faut maintenant que les choses se mettent en place sur le terrain
souligne le DSC FO.
Une usine à TMS
Au-delà de l’attaque d’un acquis, ce qui a fait éclater la colère, c’est l’absence de dialogue social
, souligne Robert Poncharreau. La décision de l’entreprise est intervenue dans un contexte de dégradation de la production, des conditions de travail et des relations avec la direction, depuis plusieurs années. Le site de Montauban rencontre des problèmes de maintenance (manque de pièces détachées, manque de six mécanos, manque d’investissements) qui affectent sa productivité,
. Une des lignes de production vient d’une autre usine du groupe, désormais fermée. C’est une ligne ancienne, qui génère de la souffrance
chez les ouvriers, explique Robert Poncharreau qui qualifie Montauban d’« usine à TMS » (troubles musculo-squelettiques). Enfin, avec la nouvelle direction, arrivée il y a cinq ans, il n’y a pas de dialogue
.
Mettre de l’humain au cœur de l’entreprise
Travaillant dans l’entreprise depuis 26 ans, où il exerce le métier de magasinier cariste, le délégué FO regrette que les sites soient désormais dirigés par des personnes de tous horizons, pas particulièrement attachées à l’entreprise, et non plus issues de l’entreprise
. Quand la direction a-t-elle perdu confiance en les salariés ?
, s’interroge-t-il.
C’est pourquoi, outre le maintien de la demi-heure de pause, les ouvriers en grève attendaient davantage de dialogue social mais aussi de dialogue professionnel. Ils demandaient notamment un encadrement plus proche de la production
, des managers disponibles pour les ouvriers
, la fin des décision unilatérales
, la consultation des salariés lors de modifications des règles de sécurité [...] pas toujours adaptée à l’usage quotidien
, et finalement le retour de l’humain au cœur de l’entreprise
. Si cela ne figure pas dans le protocole de fin de conflit, les ouvriers ont réussi à amener la direction à considérer ces demandes. Les salariés sont revenus au travail avec un peu plus le sourire, car ils se savent écoutés. Et quand nous parlons de TMS, nous ne sommes plus pris à la légère
, déclare le délégué FO.