Après dix ans de travaux la maison d’Émile Zola (1840-1902) vient de rouvrir, agrémentée du musée Dreyfus, dans la petite commune de Médan dans les Yvelines.
Son bureau, de près de cent mètres carrés, avec cinq mètres sous plafond, est la pièce principale de la maison. Sur la cheminée l’écrivain avait écrit une maxime de Pline l’Ancien, écrivain romain, Nulla dies sine linea (pas un jour sans une ligne). Une immense baie vitrée avec vue sur le parc apportait la lumière nécessaire pour écrire à une époque où l’électricité n’existait pas ou peu. Pendant vingt-quatre ans, tous les jours de 9h à 13h, il se disciplinait pour écrire au moins quatre pages, mais souvent plus.
L’écrivain, d’origine italienne, avait commencé la série des Rougon-Macquart qui dénonce la cupidité et les mœurs de la bourgeoise, ainsi que les désastres du libéralisme effréné sur le monde ouvrier. Avec « L’Assommoir », publié en 1877, ses droits d’auteur lui permettent d’acheter cette villa cossue, en 1878, à 38 ans. Dans cette série suivront, entre autres, « Germinal », « La Bête humaine », « L’Argent »… Devenu propriétaire, il écrit alors à son ami Flaubert : La littérature a payé ce modeste asile champêtre, une cabane à lapins, dans un trou charmant au bord de la Seine.
Jolie cabane qu’il ne cessera d’agrandir au gré de ses succès. L’hiver, il habitait dans son appartement du 9e arrondissement de Paris. À Médan, de pièces en pièces on découvre des collections d’armures, de bouddhas, d’instruments de musique, des divans, des vitraux aux fenêtres… L’homme avait en effet la passion des bibelots. Ses amis s’y croisaient (Maupassant, Huysmans et bien d’autres), ainsi que sa femme et sa maîtresse.
La maison est enrichie du musée Dreyfus dans une dépendance, comme un hommage à l’homme qui a publié dans L’Aurore, le 13 janvier 1898, son fameux « J’accuse… ! ». Il est mort dans cette demeure en 1902, asphyxié, probablement assassiné, mais les historiens n’ont pas pu se prononcer.
À noter que dans toute la France, deux cent quarante-quatre maisons d’écrivains se visitent.