De l’importance d’être Wilde

Exposition à Paris par Michel Pourcelot

Première exposition à jamais être consacrée à l’écrivain, Oscar Wilde. L’impertinent absolu est à voir au Petit Palais à Paris jusqu’au 17 janvier 2017. Bien plus qu’impertinent, Wilde (1854-1900) fut surtout pertinent dans ses attaques incisives de l’hypocrisie victorienne et sa défense de l’individu face à l’uniformisation.

Figure de l’humour anglais ? Wilde est né irlandais à Dublin, de son nom complet Oscar Fingal O’Flahertie Wills Wilde, et sa mère, Speranza, était une farouche partisane de l’indépendance de l’île. Sulfureux ? Il a écrit des histoires telle Le fantôme de Canterville qui sont aujourd’hui indiqués comme lecture aux écoliers et même adaptées par le Hollywood des années 40 et 50 comme De l’importance d’être constant. Homosexuel ? Il était fiancé à une très courtisée figure de l’intelligentsia irlandaise, qui préféra finalement épouser Bram Stocker, Irlandais aussi et futur auteur de Dracula. Il y a 116 ans, pratiquement jour pour jour, Oscar Wilde décédait le 30 novembre 1900 en exil à Paris. Il était peut-être temps que Paris lui rende hommage. Il aurait peut-être été préférable de mieux découvrir l’homme et l’écrivain au-delà de Dorian Gray ou de ses fameux aphorismes et de son impertinence, accroche avouée de l’exposition présentée jusqu’au 17 janvier prochain au Petit Palais à Paris. Organisée sur le mode chronologique, truffée de souvenirs personnels, elle n’évite pas les outrances contextuelles, avec force tableaux prêtés et médiatisés.

« Le temps des souffrances silencieuses a pris fin »

Le premier ouvrage de Wilde fut immédiatement interdit. Pas pour atteinte aux bonnes mœurs mais parce que Véra ou les nihilistes traitait des révolutionnaires russes, s’inspirant très probablement du roman Que faire ? de Nikolaï Tchernychevski. De plus, les juges virent également une allusion à la situation en Irlande, notamment dans la phrase Le temps des souffrances silencieuses a pris fin. Rejetant rapidement les provocations vestimentaires, Wilde se tourne vers la philosophie dandy. Contrairement à ce l’on croît aujourd’hui, le dandy rejette toute excentricité, affectant une fausse conformité aux canons de l’apparence tout en l’annihilant par un détail subtil. Le diable de la révolte est alors dans le détail, au moment où l’ambition industrielle était de produire le plus possible un même produit et transformer les hommes en machines. Wilde se fit alors un malin plaisir à distiller ces fameuses phrases, souvent publiées en recueils d’aphorisme, telles que Le seul moyen de se débarrasser d’une tentation est d’y céder. Essayez de lui résister, et votre âme aspire maladivement aux choses qu’elle s’est défendues. Elle doit se comprendre mieux dans le contexte de la chape de plomb morale engendrée par l’hypocrite société victorienne qui finira par le briser quand il commettra l’erreur de vouloir attaquer son accusateur en justice. Il écopera d’une peine de deux ans de prison. Quand il sortit en 1897, sa vie était brisée, le contraignant à l’exil. Ses enfants étaient refusés dans les hôtels et sa femme, qui ne divorça jamais, dut changer de nom. Wilde partit alors pour la France et l’Italie pour revenir à Paris où il mourra dans le dénuement avant d’être inhumé au cimetière de Bagneux. Transféré au Père-Lachaise que plus tard, son corps fut recouvert de chaux vivre sans éteindre son esprit.

Oscar Wilde. L’impertinent absolu
Exposition au Petit Palais, du 28 septembre 2016 au 15 janvier 2017. Avenue Winston Churchill 75008 Paris. M° : Champs-Elysées Clemenceau. Du mardi au dimanche de 10h à 18h sauf le vendredi jusqu’à 21h.
Tarifs de 7 à 10 euros. Gratuit pour les moins de 18 ans. Tel. : 01 53 43 40 00
Plus d’info sur le Net : http://www.petitpalais.paris.fr/expositions/oscar-wilde

Michel Pourcelot Ex-journaliste à L’inFO militante