Quelque 78 % de Français disent se serrer la ceinture
, selon un son¬dage Elabe publié le 6 septembre. Plus de la moitié des Français res¬treignent leurs dépenses alimentaires, près de la moitié leurs achats de vêtements... C’est l’illustration des conséquences de deux ans d’inflation forte, face à des salaires qui ne suivent pas. En août, sur un an, les prix de l’alimentaire ont gonflé de 11,1 %. La consommation dans ce secteur, notait l’Insee, a reculé de 0,9 % sur un an. Autres soucis pour les travailleurs : la hausse du prix de l’essence, les tarifs de l’électricité qui ont pris + 10 % en août… Une enquête de l’Ifop soulignait déjà en juin que près d’un Français sur trois avait moins de 100 euros sur son compte au 10 du mois. Et plus d’un Français sur deux saute dé¬sormais des repas. Le 28 août dernier, l’intersyndicale, appelant, dans un cadre européen, à une mobilisation le 13 octobre, entre autres, contre l’austérité et pour les salaires, revendiquait une augmenta¬tion du Smic et des politiques salariales dans les branches, les entreprises et la fonction publique. Nous appelons les em¬ployeurs à ouvrir des négociations à tous les niveaux
. Contraste… Fin août aussi, on apprenait d’une étude d’un groupe international de gestion d’actifs que la France avait représenté près de 30 % des dividendes versés en Europe au deuxième trimestre. Cela signifie 46 milliards d’euros versés. Un record.
Vers une nouvelle réduction du coût du travail ?
Les travailleurs ne jouent pas dans la même cour. Ils constatent que le Smic, hors les revalorisations automatiques dues à l’inflation, mais vite absorbées par celle-ci, n’a reçu aucun coup de pouce. Par ailleurs, près de la moitié des branches ont un ou des minima sous le Smic. C’est inacceptable
, clame le ministre de l’Éco¬nomie Bruno Le Maire pour qui la smi¬cardisation de la société française est déprimante
. Mais… la conférence sociale annoncée pour octobre ne concernera que les carrières et les branches sous le salaire minimum
. Pas question d’une conférence sur les salaires en général, ce serait une erreur économique
, selon Bruno Le Maire. Et il ne sera pas demandé aux entreprises d’augmenter tous les sa-laires, elles ne pourraient pas suivre et ce serait prendre le risque de licenciements, indique-t-il encore. Mais de souhaiter en revanche que la conférence s’intéresse à la pente des allégements entre le Smic et au-dessus du Smic [qui] est trop raide
. Traduction, il n’y aurait pas assez d’allégements de cotisations pour des salaires au-delà du Smic (des exonérations dégressives de cotisations existent jusqu’à 2,4 Smic). Est donc encore envisagée la réduction du coût du travail, avec la menace d’une nouvelle attaque du salaire différé, soit des ressources de la protection sociale. Cela viserait-il à consoler le patronat du report en 2027, et non plus en 2024, de la suppression de l’impôt CVAE ? Il peut cependant déjà se consoler. FO rappelle que le montant total des allégements de cotisations sociales employeurs a atteint 73,6 milliards d’euros en 2022, en hausse de 13,1 % en un an. Par ailleurs, la fiscalité des entreprises a reculé de 10 milliards d’euros depuis 2017. Et alors que FO, notamment, demande toujours une conditionnalité des aides publiques en termes d’amélioration de l’emploi et des salaires, il n’en est toujours rien.