Projet de loi de finances 2026 : les riches trinquent… à la santé des autres

Economie par Rachèle Barrion, Secteur de l’Economie et de la Fiscalité, Secteur du Service public

© Eric TSCHAEN/REA

Le projet de loi de finances (PLF) 2026 est une démonstration éclatante d’injustice fiscale. Sous prétexte de redresser les comptes publics, le gouvernement choisit de frapper les ménages modestes, les retraités et les services publics, tout en épargnant les entreprises et les plus riches.

Des mesures symboliques pour les plus fortunés

Le gouvernement annonce que les plus riches contribueront à hauteur de 6,5 milliards d’euros sur les 14 milliards d’effort fiscal demandé aux Français. Une taxe de 2 % serait instaurée sur les seuls actifs financiers des holdings patrimoniales dont la valeur vénale excède 5 millions d’euros (hors biens professionnels) pour une recette visée de 0,9 milliard d’euros. La contribution différentielle sur les hauts revenus serait reconduite, avec une imposition minimum au taux de 20 % des foyers fiscaux dépassant 250 000 euros (pour une personne seule). Mais cette mesure, déjà en place, ne génère qu’un faible rendement et ne remet pas en cause les privilèges fiscaux des ultra-riches.

Des cadeaux fiscaux aux entreprises

Les entreprises seraient les grandes gagnantes, selon les mesures présentées par ce PLF 2026. La contribution exceptionnelle sur les bénéfices, instaurée en 2025, serait prorogée mais divisée par deux. Les entreprises réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires verraient ainsi le taux de cette contribution passer de 20,6 % à 10,3 %, soit, en termes de recettes fiscales, un manque à gagner de 4 milliards d’euros pour les caisses de l’État. La CVAE, impôt de production sur la valeur ajoutée des entreprises, est en voie de suppression totale d’ici 2028, deux ans plus tôt que prévu. En 2026, son taux passerait de 0,28 % à 0,19 %, puis à 0,09 % en 2027, avant disparition. Manque à gagner estimé : 1,3 milliard d’euros dès 2026. Exemples concrets d’injustice : TotalEnergies, avec plus de 20 milliards d’euros de bénéfices en 2024, verrait sa surtaxe sur les bénéfices divisée par deux.

Une holding familiale détenant 10 millions d’euros d’actifs financiers paierait à peine 200 000 euros de taxe, tout en continuant à bénéficier d’exonérations sur les plus-values et dividendes. Pendant ce temps, un retraité avec 24 000 euros de pension annuelle verrait son impôt augmenter de plus de 300 euros à cause de la suppression de l’abattement de 10 %, prévue par ce PLF. FO dénonce un projet de loi de finances pour 2026 qui sanctuarise, et toujours sans conditionnalité, les aides publiques aux entreprises (211 milliards d’euros en 2023) et refuse de toucher aux niches fiscales les plus coûteuses. Un projet qui, plus largement, affirme la poursuite d’une politique de l’offre qui préserve les intérêts des plus riches, et fait payer la facture aux salariés, retraités et agents publics.

Les mesures proposées portent en elles le risque d’une aggravation des inégalités, d’une dégradation des services publics, sans compter le risque de plonger l’économie dans la récession et sans même réduire les déficits que ce PLF prétend participer à combattre.

Rachèle Barrion Secrétaire confédérale au Secteur de l’Economie et du Service Public

Secteur de l’Economie et de la Fiscalité Le secteur de l’Economie et de la Fiscalité suit particulièrement les politiques et filières industrielles et de services, ainsi que les politiques budgétaires et fiscales.

Secteur du Service public Le secteur du Service Public porte les positions de FO en ce qui concerne la Fonction publique, le Service public et les politiques publiques.