L ’allongement de la durée de vie a été l’un des arguments du gouvernement pour faire reculer à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite. Mais s’il est vrai que l’espérance de vie en France augmente régulièrement, ces années supplémentaires de vie ne sont pas toutes nécessairement vécues en bonne santé
pour les seniors, souligne la Drees. Sa dernière étude annuelle, parue le 22 décembre dernier, montre même une nette dégradation. Les chances de vieillir en bonne santé ont diminué en 2022 : à 65 ans, soit un an de plus que l’âge légal fixé par la réforme des retraites, les femmes peuvent espérer vivre 11,8 ans sans incapacité, c’est-à-dire sans être limitées par un problème de santé dans leur activité quotidienne. C’est huit mois de moins qu’en 2021 (12,6 ans). Pour les hommes, le recul est encore plus sévère : à 65 ans, leur espérance de vie sans incapacité est de 10,2 ans, soit un an et un mois de moins qu’en 2021 (11,3 ans). Idem, l’espérance de vie sans incapacité forte à 65 ans a reculé par rapport à 2021, à 18,3 ans pour les femmes (moins quatre mois) et 15,5 ans pour les hommes (moins six mois).
Retour au niveau de 2020
Ces résultats rejoignent ceux de 2020, constate la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, qui invite à prendre l’étude avec prudence : Il faudra attendre l’an prochain pour juger si la baisse des espérances de vie sans incapacité observée en 2022 correspond à un retour à la normale soldant la crise sanitaire, ou si elle marque un changement dans l’évolution de long terme.
La DRESS, relevant des ministères sanitaires et sociaux, rappelle que depuis 2008, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans a plutôt eu tendance à augmenter (+ 1,9 an pour les femmes et + 1,6 an pour les hommes). 2022 marque en tout cas un recul inquiétant de cette espérance de vie en bonne santé, alors que la réforme des retraites implique de travailler a minima deux ans de plus.