A l’Elysée, FO demande une négociation sur la formation professionnelle

Dialogue social par Clarisse Josselin

Jean-Claude Mailly était reçu à l’Elysée par le Président de la République, Emmanuel Macron, le 12 octobre 2017, dans le cadre des rencontres avec les représentants des organisations syndicales de salariés et de patrons. Photographie : F. Blanc (CC BY-NC 2.0)

Emmanuel Macron reçoit tour à tour les leaders des organisations syndicales et patronales les 12 et 13 octobre à l’Elysée, pour lancer le second acte des réformes sociales. Au menu, la formation professionnelle, l’Assurance chômage et l’apprentissage. Jean-Claude Mailly, premier reçu, lui a rappelé les positions de Force Ouvrière.

Top départ pour un nouveau marathon social. Emmanuel Macron a lancé le 12 octobre la concertation avec les organisations syndicales et patronales sur la deuxième phase des réformes sociales à venir. Au programme, des thèmes potentiellement explosifs : l’avenir de la formation professionnelle, de l’Assurance chômage et de l’apprentissage.

Le processus de démarrage est le même que pour la réforme du Code du travail au printemps dernier. Le chef de l’État ouvre le bal en recevant les leaders en tête à tête durant une heure, pour aborder les réformes dans les grandes lignes, sans entrer dans le détail. Les discussions seront approfondies lors de rencontres bilatérales à Matignon du 17 au 19 octobre, en présence des ministres du Travail et de l’Éducation. Puis les interlocuteurs sociaux devraient être reçus au ministère du Travail pour des discussions plus techniques. L’exécutif souhaite un projet de loi en avril et une adoption à l’été 2018.

Jean-Claude Mailly a été reçu en premier, à 9 heures du matin. Emmanuel Macron n’a rien dévoilé de nouveau sur le contenu des prochaines réformes. L’architecture n’est pas encore définie, cela va faire l’objet des discussions dans les semaines à venir, a précisé le leader de FO dans la cour de l’Élysée, à l’issue de son entretien. Pour l’instant, on ne connaît que les grandes lignes, notamment celles tracées lors de la campagne présidentielle.

Faire du tri dans les organismes de formation

Sur la formation professionnelle, Jean-Claude Mailly souhaite que la réforme passe par une négociation. Suite à la loi Larcher de 2007, avant toute réforme sociale, le gouvernement est tenu de présenter un document d’orientation aux interlocuteurs sociaux et de leur demander s’ils souhaitent négocier. Notre réponse sera oui, et je pense qu’il y aura une négociation, a-t-il expliqué.

Sur le fond, Emmanuel Macron a promis durant sa campagne de clarifier et simplifier la formation professionnelle. Il souhaite aussi réformer le compte personnel de formation (CPF). FO se montre très vigilante. Nous ne voulons pas que demain, ce soit au salarié avec son compte d’aller démarcher lui-même les organismes de formation, sans accompagnement a prévenu Jean-Claude Mailly. Opposé à une individualisation des droits, il souhaite que les droits personnels restent définis collectivement. En matière de formation, nous tenons à garder un rôle, y compris dans l’accompagnement des demandeurs d’emploi, a ajouté le leader de FO.

Il estime aussi nécessaire de faire du tri dans les organismes de formation. Aujourd’hui, pour monter une boite de formation, il suffit de s’inscrire sur Internet, et ensuite aucun contrôle n’est fait, a-t-il expliqué.

Les interlocuteurs sociaux doivent continuer à fixer les règles d’indemnisation chômage

Sur l’Assurance-chômage, le gouvernement souhaite une réforme radicale, avec une ouverture aux démissionnaires et aux indépendants. Il veut aussi réformer son financement et prendre en main la gouvernance du régime dans le cadre d’une gestion tripartite, au risque de remettre en cause le paritarisme et la philosophie même du système actuel. De quoi inquiéter grandement les interlocuteurs sociaux, gestionnaires de l’Unédic.

Pour FO, pas question de baisser les droits des salariés. Jean-Claude Mailly demande que les interlocuteurs sociaux conservent leurs responsabilités dans la fixation des règles d’indemnisation. Il refusera la mise en place d’un système à minima avec des compléments pour l’indemnisation des demandeurs d’emploi. Le rôle que pourraient avoir les interlocuteurs sociaux n’est pas réglé, a-t-il ajouté.

Quant à une possible gestion tripartite, Jean-Claude Mailly s’y est montré peu favorable : quand on gère à trois, c’est toujours deux contre un, a-t-il précisé, ajoutant qu’Emmanuel Macron n’avait pas utilisé le terme étatisation.

Valoriser le statut du maître de stage

Dernier sujet, l’apprentissage. Comme ses prédécesseurs, le gouvernement souhaite rendre la filière plus attractive. Jean-Claude Mailly a demandé à ce que le statut du maître de stage soit davantage valorisé. Et sur le statut de l’apprenti, il n’y a aucune raison par exemple qu’un apprenti gagne moins qu’un contrat de professionnalisation, a-t-il ajouté.

Deux jours après la grève des fonctionnaires, Jean-Claude Mailly a également mis sur la table le malaise dans la fonction publique, autour notamment des questions de la compensation de la CSG et du pouvoir d’achat. C’est le troisième président de la République à qui je demande un vrai débat sur les missions et le rôle du service public, une question qui ne concerne pas seulement les fonctionnaires, a-t-il expliqué.

De nouveaux chantiers s’ouvrent mais FO va poursuivre la mobilisation contre les mesures les plus rétrogrades des ordonnances réformant le Code du travail. Après une première rencontre le 9 octobre, les organisations syndicales et de jeunesse doivent se revoir le 24 octobre pour tenter d’organiser une mobilisation courant novembre, avant la ratification du texte par le Parlement.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante