Chères et chers camarades,
Incontestablement, la grève lancée le 5 décembre et les manifestations associées ont été un succès exceptionnel.
Le rôle de notre confédération a été essentiel dans l’expression des analyses tant de l’enjeu de la réforme et des raisons de notre opposition – qui sont très largement reprises, au-delà même des rangs syndicaux – que de la forme de la mobilisation. FO a, très tôt et de façon claire, porté publiquement la question de la grève interprofessionnelle.
Cette situation a contraint le gouvernement à devoir réagir plus rapidement que prévu, le Premier ministre ayant pris la parole ce vendredi 6 décembre.
Allocution du Premier ministre
Ce qu’il faut retenir essentiellement de l’allocution du premier ministre est d’une part un affichage du maintien de l’objectif d’un système universel de retraite par points et d’autre part la reprise des mêmes éléments de langage que ceux utilisés jusqu’alors. En rien il n’a répondu aux objections précises et argumentées que FO n’a eu de cesse d’exprimer, sans être jamais contredites. Il n’a pas plus répondu aux revendications précises déposées par FO.
On peut aussi noter que le Premier ministre, tout en qualifiant de « fake news » les simulations mettant l’accent sur des baisses des pensions, n’hésite pas lui-même à reprendre de fausses vérités. Ainsi, il affirme que les français partiraient d’eux même plus tard alors qu’il sait qu’en réalité il s’agit de l’âge moyen de liquidation de la retraite. Or, nombre de salariés qui liquident leur retraite ne sont plus en activité. Cela vaut d’ailleurs pour le pourcentage affiché des femmes qui devraient attendre 67 ans pour partir, alors que là-aussi il s’agit plus souvent de la liquidation de la pension.
Quant aux réponses aux mobilisations, le Premier ministre a mis l’accent sur les secteurs où la grève a été la plus forte, en particulier les régimes spéciaux. Là encore, le gouvernement est dans la posture de la stigmatisation visant à opposer les uns aux autres.
Sans reprendre la clause dite du grand père, il évoque un report de la mise en œuvre de la réforme à des générations postérieures (aller de la génération 1963 à la génération 1973 ?). Mais son argument : « on ne change pas les règles en cours de jeu pour ces catégories », vaut alors pour tout le monde. En effet, le régime unique par points conduirait tout autant à changer les règles pour les salariés relevant du régime général de la sécurité sociale, qui verraient remis en cause à la fois le calcul en annuités, les 25 meilleures années et le bénéfice d’une retraite complémentaire gérée par la négociation collective !
Cela ne peut donc que convaincre à nouveau que le projet est dangereux pour toutes et tous, à commencer par la majorité des salariés qui relèvent du régime général !
Les jours à venir vont être très importants.
Pour ce qui nous concerne nous avons immédiatement donner le signal de l’importance de conserver le caractère interprofessionnel de la grève en saluant celles et ceux qui, en ayant la possibilité, ont immédiatement et depuis décidé de la reconduction de la grève, y voyant un encouragement pour l’ensemble des salariés qui se sont inscrits dans la mobilisation dès le 5 décembre. De nombreuses assemblées générales ont été réunies et sont prévues pour lundi et mardi. Des actions de grève et débrayages ont été décidées au-delà des seuls secteurs des transports accompagnées aussi de manifestations dès vendredi.
Nous devons nous féliciter que le communiqué de l’intersyndicale ait repris la nécessité de l’accent mis sur la continuité de la mobilisation et la reconduction de la grève, les manifestations du 10 décembre devant s’inscrire dans cette continuité.
Tout doit être fait aujourd’hui pour parvenir à maintenir ce haut niveau de mobilisation et d’adhésion à la mobilisation par la grève, sachant que le Premier ministre devrait annoncer la position du gouvernement le 11 décembre.
Bon courage à toutes tous.
Amitiés.
Yves VEYRIER