Cela fait des mois que FO le répète : le salaire n’est pas l’ennemi de l’emploi
, il doit même être considéré comme un allié. La hausse des salaires, et donc du pouvoir d’achat, ne peut être que bénéfique à la production, à la consommation des ménages sur laquelle s’appuie la croissance, donc au maintien et à la création d’emplois, aux recettes fiscales mais aussi sociales (donc à la santé des comptes sociaux)… Bref, elle est bénéfique à l’économie, notamment dans le cadre de la reprise, tandis que pour l’instant les indicateurs sont au vert et que le gouvernement maintient à 6% la prévision de croissance en 2021.
Le sujet est devenu majeur en cette rentrée, ce qui pour FO va dans le bon sens
. Mais il faut passer de la parole aux actes
insiste le secrétaire général de la Confédération, Yves Veyrier.
Une hausse du Smic permettrait d’augmenter immédiatement
les bas salaires mais aussi de dynamiser les négociations salariales dans les branches. Alors que les traitements indiciaires des fonctionnaires sont gelés depuis dix ans
, il faut aussi une revalorisation du point d’indice dans la Fonction publique. Ces revendications ont été réitérées par Yves Veyrier lors de sa rencontre le 1er septembre avec le Premier ministre qui avait convié les organisations syndicales et le patronat à des bilatérales.
Sans salaires attractifs, des recrutements à la peine
Fin août posant lui-même un lien de cause à effet entre difficultés à recruter
et salaires, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux lançait : il y aura forcément des augmentations de salaires assez significatives l’année prochaine
, donc en 2022. Selon la banque de France, 48% des entreprises peinent à recruter. Et cela est particulièrement notable dans les secteurs de l’hôtellerie/restauration, de la logistique, des services à la personne ou encore celui du bâtiment/construction. Le manque d’attractivité de professions, notamment par la faiblesse de leurs salaires, mais aussi par l’absence de perspective ou encore le manque de possibilité de formation, est souvent invoqué par les travailleurs. Et parmi eux, beaucoup ont déjà pris la crise économique de plein fouet. Signe évocateur des craintes dans l’avenir de l’emploi assorti du problème de pouvoir d’achat qui reste très contraint, les dépenses de consommations des ménages sont encore de près de 6% inférieures à leur niveau d’avant crise.
Et déjà des exigences patronales…
La hausse des rémunérations, ça peut passer par les salaires, ça peut passer par les primes, ça peut passer par l’intéressement, la participation, l’actionnariat salarié
listait de son côté fin août le ministre de l’Économie, Bruno Le maire, participant à la Rencontre des entrepreneurs de France (anciennement Université d’été du Medef). Le ministre, qui a annoncé la fin du plan global d’aides publiques et l’orientation vers des aides sur-mesure, a tu cependant le fait que le gouvernement a décliné en janvier dernier un coup de pouce au Smic et en juillet une revalorisation générale de salaires (via le point d’indice) dans la fonction publique.
Le patronat quant à lui, s’il évoque la possibilité de hausses de salaires à venir, y met déjà ses conditions et se plait à souligner par ailleurs le risque de hausse des prix à la consommation qu’entraînerait une hausse des salaires. Quoi qu’il en soit, il semble écarter des augmentations salariales dans l’ensemble des secteurs, arguant du coût insupportable que cela entraînerait pour les entreprises.
Après des années de modération salariale au nom de la baisse du coût du travail, elles affichent cependant des marges solides et les actionnaires reçoivent toujours des dividendes substantiels, cela malgré la crise. Du côté de la finance, on se porte bien
rappelle ainsi la Confédération FO.
Pour le patronat des marges de manœuvre
éventuelles sur les salaires pourraient alors découler de nouveaux cadeaux, il faut comprendre de nouvelles exonérations de cotisations sociales. Il demande d’ailleurs que s’ouvrent des discussions avec l’État et les syndicats.
A noter que les aides publiques diverses apportées aux entreprises (exonérations, crédits d’impôts…) se chiffrent à plus d’une centaine de milliards d’euros chaque année et cela depuis près de dix ans.
Le patronat réclame aussi l’application au 1er octobre prochain de la réforme de l’Assurance chômage et le lancement en 2022 d’une réforme des retraites, exhortant à trouver le moyen de travailler plus longtemps
. Dans ce registre de sujets qui fâchent
ainsi que les qualifiait Yves Veyrier le 1er septembre à l’issue de sa rencontre avec le Premier ministre, pour FO, la réponse toujours aussi est claire : c’est non. Non à la destruction des droits. Ce que vise entre autres à rappeler la mobilisation interprofessionnelle du 5 octobre par la grève et des manifestations.