Santé : FO s’oppose à tout licenciement chez Bayer

Emploi et salaires par Clarisse Josselin

Bayer France, siege social à Lyon. © Laurent CERINO/REA

Le groupe Bayer AG, leader européen de la pharmacie et de l’agrochimie, pourrait licencier 148 salariés en France dans le cadre d’une réorganisation en cours de négociation. FO dénonce l’absence de motif économique alors que le groupe est en train de finaliser le rachat du numéro un des OGM Monsanto, pour 59 milliards d’euros.

Bayer pourrait licencier 148 salariés en France, alors que l’entreprise a les moyens de racheter Monsanto pour 59 milliards d’euros, c’est inadmissible, prévient Corinne Maillot, coordinatrice FO du groupe Bayer France.

La filiale française de l’allemand Bayer AG, mastodonte européen de l’agrochimie et de la pharmacie, a présenté en comité central d’entreprise (CCE) un plan de réorganisation de sa branche automédication, basée à Gaillard, en Haute-Savoie. La direction envisage de supprimer 59 postes, d’en créer 16 autres et de modifier le contrat de 104 salariés qui, en cas de refus, pourraient être licenciés. Cette nouvelle organisation entrerait en vigueur au 1er janvier 2019. Le CCE doit rendre son avis sur ce plan le 9 mars 2018.

Sacrifier des salariés au profit de la rentabilité

Les organisations syndicales (FO-Unsa-CFE-CGC-CFTC-CFDT) font front uni contre tout départ contraint. Elles dénoncent, dans un communiqué commun daté du 24 février, un plan social lancé sous couvert d’un motif économique inexistant. Elles reprochent à la direction de vouloir sacrifier des salariés au profit de la rentabilité et du bénéfice. Elles estiment que le groupe a largement les moyens d’anticiper les transformations de son modèle économique afin d’éviter tout licenciement.

La déléguée centrale FO rappelle que la situation financière du groupe est exceptionnelle et le montant des dividendes versés historiquement élevé. On ne peut pas demander à la solidarité nationale de prendre en charge un seul salarié par le biais de l’Assurance chômage, ajoute-t-elle. C’est déjà la Sécurité sociale qui nous fait vivre, grâce au remboursement des médicaments.

Le rachat de Monsanto fait craindre des doublons

À moins que les mesures d’accompagnement n’évoluent, FO ne signera pas ce plan de réorganisation. La déléguée centrale demande de meilleures mesures d’accompagnement, avec notamment la mise en place de congés de mobilité. Elle défend aussi, au lieu d’un plan social, la mise en place d’un plan de départs volontaires autonome, sans contraintes.

On sent l’ère Macron, poursuit Corinne Maillot. Ça fait dix ans qu’on a des réorganisations successives, et dix ans qu’on évite des PSE grâce à des plans de départs volontaires autonomes. Là, on dirait que la direction veut créer un précédent.

En effet, Bayer AG est en train de finaliser le rachat de Monsanto, le numéro un mondial des OGM et des herbicides, annoncé en septembre 2016, et qui pourrait être effectif au deuxième trimestre 2018. À terme, nous allons intégrer 600 salariés de Monsanto il y aura forcément des doublons et des licenciements à venir, redoute la déléguée FO.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante