Finances publiques : en grève ce 3 mai, les agents de la DGFIP demandent des garanties sur leur avenir

Service Public par Valérie Forgeront

Rassemblement devant Bercy le 3 mai 2018.

Ce 3 mai, les agents des finances publiques étaient en grève, à l’appel du syndicat FO-DGFIP notamment. Ils demandent des garanties sur leur avenir et s’indignent des suppressions massives et chroniques d’effectifs accompagnées de réformes qui mettent en péril les missions. Le secteur des finances publiques qui a programmé d’autres actions les 15 et 17 mai participera bien sûr à la journée nationale de grève organisée dans les trois versants de la fonction publique le 22 mai prochain à l’appel des neuf organisations syndicales du public dont l’UIAFP-FO (inter-fédérale FO). La défense des services publics républicains sera au cœur de cette journée d’actions soutenue par la Confédération FO.

Ainsi ce jeudi 3 mai, à l’appel des quatre organisations syndicales représentatives du secteur, dont FO, les agents des finances publiques (DGFIP/direction générale des finances publiques) étaient en grève, organisant une journée DGFIP morte alors que débute la campagne déclarative de l’impôt sur le revenu.

Des rassemblements ont eu lieu en matinée dans plusieurs départements devant les directions départementales des finances publiques (DDFIP). À Paris, 300 agents se sont retrouvés devant le site du ministère de l’Economie à Bercy indique Hélène Fauvel, la secrétaire générale du syndicat DGFIP-FO.

Sous couvert de réduction de la dépense publique…

Les syndicats de la DGFIP qui doivent rencontrer ce vendredi 4 mai le ministre de l’Action et des comptes publics, M. Gérald Darmanin, lors de bilatérales, se réuniront ensuite en intersyndicale indique la militante. Les personnels de la DGFIP ont prévu aussi de nouvelles actions les 15 et 17 mai et bien sûr les agents de la DGFIP participeront à l’action de grève du 22 mai rappelle Hélène Fauvel. Les syndicats dont FO-DGFIP rappellent qu’il y a eu 35 000 destructions d’emplois en quinze ans dans le secteur. Cela ne suffit pas semble-t-il s’insurgent les organisations puisque entre 18 000 et 20 000 nouvelles suppressions sont prévues pour les quatre prochaines années.

Les choix des responsables politiques et administratifs successifs, sous couvert de réduction de la dépense publique, ont conduit la DGFIP à devenir au fil du temps un réservoir d’emplois à supprimer s’indignent les syndicats. Au fil de multiples réformes en effet, dont la RGPP (révision générale des politiques publiques) et la MAP (modernisation de l’action publique), l’administration des finances publiques a perdu ses emplois. Elle en perd toujours. Chaque année, les lois de finances traduisent un recul des effectifs.

En quinze ans, les services ont été fusionnés, restructurés, beaucoup d’implantations locales (trésoreries) ont été fermées… Tout cela a induit une désorganisation du travail des agents. Souvent mis en situation de sous-effectif dans les services, ils ont subi une forte augmentation de leur charge de travail ce qui a participé bien sûr à dégrader les conditions de travail et à compliquer la capacité à entretenir la qualité du service rendu aux usagers.

La désorganisation organisée des services…

Il y a un repli généralisé du réseau décentralisé de la DGFIP. Selon l’administration, il faudrait attendre le Point critique… Or, ce point est atteint depuis longtemps, ce qui explique que le ministère en est rendu à comptabiliser les apprentis, cherchant ainsi faire croire à un gonflement des effectifs expliquait Hélène Fauvel lors du dernier congrès de la fédération générale des fonctionnaires FO (FGF-FO).

Désormais, les agents redoutent l’entrée en vigueur du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. Au-delà d’être une fausse réforme fiscale qui privatise la collecte de l’impôt en transformant les employeurs en tiers collecteurs, cette réforme contestée dès son origine par FO et qui prendra effet au 1er janvier 2019 va davantage désorganiser les services déjà exsangues. Pour l’usager/contribuable, cette réforme constituera une fausse simplification.

Il faut un changement de cap

Comme l’ensemble des personnels de la fonction publique, les agents de la DGFIP redoutent par ailleurs eux aussi les mesures qui pourraient émaner du Comité action publique 2022 (CAP2022). Déjà le directeur général de la DGFIP envisage des déclinaisons possibles de ce comité s’indignent les syndicats. Parmi celles-ci, la constitution possible d’un réseau unique de recouvrement, l’aménagement voire la suppression de la séparation ordonnateur/comptable et la création d’agences comptables, l’accélération de la rétractation du réseau, un bouleversement de la gestion RH des agents…

Alors que les agents demandaient ce 3 mai que le réseau DGFIP ait la place et les moyens que doit avoir cette administration au cœur de l’État, l’administration semble disposée à une nouvelle diminution de voilure du réseau DGFIP ou disposée encore à supprimer le principe de précaution qui préside à la gestion des deniers publics. La suppression de la séparation ordonnateurs/comptables pulvériserait en effet le principe comptable –républicain– relatif à la séparation des fonctions et du pouvoir entre le « comptable », celui qui paie les dépenses ou recouvre les recettes et « l’ordonnateur », celui qui engage une dépense ou une recette.

Les syndicats de la DGFIP ont demandé ce 3 mai à la direction générale l’ouverture de réelles négociations pour garantir l’avenir des agents du ministère et les missions. Il faut un changement de cap pour notre service public insistent les personnels.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

Sur le même sujet