[Théâtre] La Bonne Nouvelle : ils n’y croient plus

Culture par Michel Pourcelot

Une pièce sur la repentance de cadres quadras qui avaient suivi dévotement, à la lettre et aux chiffres près, l’évangile des marchands du temple. En tournée en mars et avril.

Des repentis en diables. Cadres néo-libéraux décomplexés, sans tabou autre que celui du culte du profit, ils pensaient que renverser et écraser était une lutte contre l’« immobilisme », mais un jour leur humanité les a rattrapés. Dans La Bonne Nouvelle, comme dans une réunion de libéraux anonymes (L.A.), deux hommes, trois femmes sur scène, sous la houlette d’un meneur de réunion, sont assis. Ils racontent leur intoxication à une substance délétère. Et comment, ils s’en sont sortis. À confesse et en mode talk-show live-twitté et autres conférences PowerPointées, sketchs et karaoké, ces brebis égarées, toujours très anglicistes, qui se voulaient loups dans la bergerie racontent leur désamour d’un système auquel ils ont dédié leurs plus belles années. Parties comme crève une bulle financière.

Enjeux économiques mis à vif

Donner donner chair et vie à des enjeux économiques et politiques était l’un des objectifs de l’auteur, François Bégaudeau. Le metteur en scène Benoît Lambert, à qui l’on devait Pour ou contre un monde meilleur en 1999), lui a prêté main forte pour rythmer et dynamiser le texte sur scène. L’auteur est parti cette fois-ci de l’aliénation non pas des victimes mais de petits soldats de l’idéologie néo-libérale, pris dans un système de croyances et d’illusions. Ceux qui croient sincèrement que plus de concurrence apportera plus de bonheur, ou que le libre-échange est la condition de la démocratie, explique François Bégaudeau. À la hache mais aussi au scalpel, les « affects libéraux » démystifiés ou les récits de la très résistible ascension de petits bourreaux.

Extraits :

MC : – Tu as cru, Luc, que cette foi t’élèverait jusqu’au Ciel de la réussite, et tu t’es cogné à un nuage de verre.
Madeleine : –Aussi vrai que tonton Gérard avait avalé les chars de Budapest et Prague au nom de l’avenir meilleur que ces massacres promettaient, j’avais cru que les politiques d’austérité relanceraient le marché.

 

La Bonne Nouvelle, texte de François Bégaudeau, mise en scène de Benoît Lambert et interprétation de Christophe Brault, Anne Cuisenier, Matthieu Cruciani, Elisabeth Hölzle, Géraldine Pochon et Emmanuel Vérité.
 Dijon (21) : du 15 au 17 mars 2018, au Théâtre du Parvis Saint-Jean, Place Bossuet/rue Danton, 21000 Dijon, le jeudi à 20 h, le vendredi à 18 h 30, le samedi à 17 h. Durée 2 h. Tarifs : de 5,5 à 22€. Réservations au 03 80 30 12 12. Réservation en ligne : http://www.tdb-cdn.com
 Belfort (90) : les 20 et 21 mars 2018, au Granit.
 Meylan (38) : les 29 et 30 mars 2018, à L’Hexagone.
 Saint-Etienne (42) : du 4 au 6 avril 2018, à La Comédie de Saint-Étienne.
 Tours (37) : du 10 au 14 avril 2018, au Théâtre Olympia.
 Amiens (80) : les 18 et 19 avril 2018, à la Maison de la Culture.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante