Transports Breger : victoire pour la première grève de l’histoire de l’entreprise

InFO militante par Fanny Darcillon, L’inFO militante

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Après une seule journée de grève, les salariés ont obtenu 7% d’augmentation générale pour compenser la récente perte de pouvoir d’achat. De quoi rendre un peu plus attractif le difficile métier de chauffeur routier, dans un contexte de crise des transports.

Dans un secteur des transports traversé de toutes parts par les revendications liées aux salaires et conditions de travail, la nouvelle pourrait faire boule de neige. Après un seul jour de grève ayant mobilisé le 18 octobre environ 300 salariés sur 1 000 et sept agences sur onze, les chauffeurs routiers de l’entreprise Breger, société de transport routier de marchandises (le secteur TRM), ont obtenu une importante revalorisation salariale. L’accord comprend 5,4% d’augmentation générale à compter du mois d’octobre, puis 1,5% supplémentaire en janvier prochain, soit près de 7% au total. 5% de hausse des frais de bouche ont également été obtenus précise Stéphane Ramond, délégué central FO.

Une hausse inférieure à celle que réclamaient les grévistes, mais finalement jugée satisfaisante : On n’est pas non plus là pour mettre à genoux l’entreprise, pointe Stéphane Ramond, délégué central FO.

La victoire est d’autant plus éclatante que les salariés des Transports Breger, où FO est le seul syndicat représentatif, n’avaient jamais fait grève. Il y a quelques années, on se démarquait du Smic, indique le militant. Mais maintenant, par les revalorisations automatiques du Smic du fait de l’inflation, certains coefficients ont été rattrapés. Il y avait donc urgence à répondre à la stagnation des salaires et donc à la baisse du pouvoir d’achat des chauffeurs. Vivre dignement de son travail, c’est la moindre des choses.

Une hausse salariale qui pourrait doper le recrutement

Or, lors d’une réunion de négociation fin septembre, la direction ne proposait que 2% d’augmentation en octobre et 1,5% en janvier. Malgré la tension suscitée par cette offre chez les salariés, la réunion suivante n’a été fixée qu’au 16 novembre. J’ai alors prévenu la direction : les salariés n’attendront pas pour s’exprimer, se souvient Stéphane Ramond. Mais peu habituée aux mouvements sociaux, la direction croyait peut-être qu’on n’irait pas jusqu’au bout !, indique le militant. Sous la menace d’une nouvelle journée de grève si un accord n’était pas signé avant 18 heures le 18 octobre, la direction a changé de ton, chaque jour sans activité coûtant 350 000 euros à l’entreprise d’après le délégué FO.

Stéphane Ramond espère que la nouvelle de cette augmentation salariale apportera un coup de pouce pour le recrutement. Les chauffeurs routiers ont vu leurs conditions de travail se dégrader, et le métier est de moins en moins attractif. A une époque, on le faisait par passion, entretenue depuis tout gamin. Aujourd’hui ça n’intéresse plus, du fait des horaires variables, de l’éloignement familial… Il faut toujours courir partout, les salariés sont fatigués. Alors que le secteur des transports a connu une rentrée agitée sur le plan social, Stéphane Ramond espère que cette victoire salariale dans l’entreprise aura des conséquences hors de ses murs. Si ça peut faire bouger des curseurs au niveau national… Dans les restaurants routiers, la nouvelle s’est déjà répandue.

Fanny Darcillon

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération