En vingt-cinq ans, la part des embauches en CDD a nettement progressé, passant de 76 % à 87 %, selon le service statistique du ministère du Travail. Ces contrats sont aussi de plus en plus courts. En 2017, 83 % des CDD durent moins d’un mois, alors que ce taux était de 57 % en 1998. Pire, 30 % d’entre eux ne durent qu’une seule journée. En 2017, la part des personnes signant uniquement des CDD très courts (moins d’un mois) sur un trimestre avoisine 40 %. Ce sont souvent les mêmes personnes qui enchaînent ces contrats très courts, ils cumulent en moyenne 3,5 contrats par trimestre
, précise la Dares.
Dualisation du marché du travail
Dans sa résolution sociale, le Congrès confédéral déplore un recours massif et systématique aux contrats courts, voire très courts, de manière abusive dans plus d’une dizaine de secteurs
, et qu’il s’agit très souvent de réembauches par un ancien employeur. C’est bien la preuve que ce sont les employeurs qui abusent, pas les salariés
, réagit Michel Beaugas, secrétaire confédéral chargé de l’emploi. Depuis des années, FO revendique la mise en place d’un système de bonus-malus sur les cotisations patronales pour lutter contre cette pratique.
Le phénomène est particulièrement marqué dans certains secteurs d’activité comme l’hébergement médico-social, l’audiovisuel ou l’hôtellerie-restauration. L’industrie et la construction sont aussi utilisateurs de contrats précaires, mais elles ont davantage recours à l’intérim.
Si le CDI reste la norme et concerne 88 % des salariés (hors intérim) en 2017 pour 12 % en CDD, la Dares évoque une dualisation du marché du travail plus marquée entre les salariés en CDI et d’autres multipliant les contrats très courts
.
Pour lutter contre l’abus de contrats courts, les branches ont jusqu’à fin 2018 pour négocier leurs propres mécanismes de régulation. Sinon, le projet de loi Avenir professionnel prévoit la mise en place par décret d’une modulation des cotisations patronales en fonction du nombre de fins de contrats de travail. Des critères sont mis en place qui tiennent compte du secteur d’activité. Mais un amendement a lié la mise en place de ce bonus-malus à la modification des règles de cumul emploi-chômage.
Si on touche à l’un on touche à l’autre, c’est une forme de chantage, dénonce Michel Beaugas. Sur le cumul, le boulot a déjà été fait, on économise 400 millions d’euros sur le dos des travailleurs dans la dernière convention d’Assurance chômage.