Belgique : pour la hausse des salaires, la grève

InFO militante par Fanny Darcillon, L’inFO militante

Plusieurs syndicats, dont la FGTB, ont appelé à la grève le 9 novembre pour un blocage des prix de l’énergie et pour la révision d’une loi qui rend très difficiles les négociations collectives sur les salaires.

Cette grève défend plus que le pouvoir d’achat. Il s’agit du pouvoir de vivre. Les travailleurs et travailleuses n’en peuvent plus, martelait la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB) à la veille du 9 novembre. La mobilisation, à laquelle appelaient plusieurs organisations belges, a été un succès : le pays a tourné au ralenti toute la journée, avec notamment des perturbations dans les transports, les écoles, les hôpitaux et certains commerces.

Dans un pays où l’inflation dépasse désormais les 12 %, les syndicats entendent accentuer la pression sur le patronat et la classe politique, après deux précédentes mobilisations en juin et en septembre. Leur revendication principale : le blocage des prix de l’énergie, pour que les citoyens, les familles, puissent payer leurs factures cet hiver et les suivants, expose la FGTB. En octobre, le gaz était 130 % plus cher qu’un an auparavant, l’électricité 85 % plus chère et le fioul 57 %.

Face à cette situation de crise, le gouvernement belge a déjà pris des mesures, telles qu’une réduction temporaire sur un forfait énergétique de base et l’abaissement de la TVA sur l’électricité, de 21 % à 6 %. Des premiers pas salués par la FGTB, qui appelle cependant de ses vœux un plafonnement des prix. Parmi les motifs phares de cette grève générale, l’organisation rappelle la nécessité de défendre l’indexation automatique des salaires sur l’inflation, première protection contre une perte de pouvoir d’achat, que le patronat tente de remettre en question. Une taxe sur les superprofits des entreprises, notamment énergétiques, ainsi qu’une augmentation des allocations sociales sont également demandées.

L’OIT en appui des syndicats

Une autre revendication a concentré l’attention : la révision d’une loi de 1996 sur la norme salariale, censée garantir la compétitivité des entreprises. Hasard du calendrier, le conseil d’administration de l’Organisation internationale du travail (OIT) a validé ce même 9 novembre les conclusions de son Comité de la liberté syndicale, sollicité sur le sujet par les syndicats belges en décembre 2021. L’OIT estime ainsi que cette loi, durcie en 2017, est incompatible avec la liberté de négociation collective garantie par la convention 98 de l’OIT, ratifiée par la Belgique. En effet, la loi rend obligatoire l’application d’une norme fixant l’évolution des salaires dans le secteur privé. Or, après s’être élevée à 0,4 % en 2021 et 2022, la norme pour 2023 et 2024 a été fixée à… 0 %.

De quoi déclencher la colère des syndicats : Les travailleurs méritent plus que 0 % d’augmentation de salaire, tance la FGTB, qui rappelle que l’indexation des salaires n’est pas une augmentation. Le Comité de la liberté syndicale de l’OIT presse donc le gouvernement belge de prendre les mesures nécessaires pour que les partenaires sociaux puissent décider librement des critères sur lesquels baser leurs négociations. Malgré son caractère non contraignant, cette position est comme de l’eau apportée au moulin des revendications syndicales – d’autant plus que la Belgique est l’un des neuf membres fondateurs de l’OIT.

Fanny Darcillon

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération