La Commission européenne a d’ores et déjà souligné, dans les documents qui vont servir de base aux travaux des chefs d’État lors du Conseil européen des 17 et 18 mars, « la nécessité d’accélérer les réformes structurelles pour moderniser les économies de l’UE ». Pour la France, elle insiste notamment sur la réforme du Code du travail.
« Pour faciliter les dérogations aux dispositions juridiques générales »
« L’adoption et la mise en oeuvre de la réforme annoncée du code du travail restent déterminantes pour faciliter les dérogations aux dispositions juridiques générales » peut-on lire dès l’introduction de son « rapport 2016 pour la France ».
Le Conseil européen se compose des chefs d’État ou de gouvernement des États membres de l’Union européenne, du président de cette dernière et du président de la Commission européenne. L’ordre du jour pour ces 17 et 18 mars comporte deux points : l’examen des « nouvelles mesures pour faire face à la crise des migrants et des réfugiés » et « le semestre européen (lire encadré ci-dessous), l’emploi, la croissance et la compétitivité ».
Sans surprise, la baisse du coût du travail reste la recette bruxelloise par excellence
La Commission dans son rapport sur la France considère également que « la récente modération salariale, dans un contexte de faible inflation et de chômage élevé, demeure insuffisante pour permettre au pays de renouer avec la compétitivité compte tenu du ralentissement de la croissance de la productivité ». De plus, elle pointe le fait que la France « affiche toujours des coûts salariaux parmi les plus élevés de la zone euro, principalement en raison du niveau élevé des cotisations sociales patronales ».
Mais cela ne concerne pas que la France. D’une manière générale pour l’ensemble de l’Union européenne, Bruxelles insiste : « il conviendrait de réduire encore la pression fiscale sur le travail ».
La BCE mise sur l’endettement
Une exigence qui reflète celle exprimée par le président de la BCE (Banque centrale européenne), Mario Draghi. Celui-ci a appelé le 10 mars à « soutenir la croissance par des réformes structurelles susceptibles d’augmenter la productivité ». Il l’a fait après avoir pris une série de mesures censées « renforcer la dynamique de la reprise en zone euro » et éviter le risque de déflation.
La BCE a ainsi abaissé ses trois taux d’intérêt directeurs. Le taux principal, celui qu’elle applique aux banques qui lui empruntent à court terme, est même tombé à 0%. Autrement dit les banques peuvent se refinancer gratuitement auprès d’elle. A partir de juin, elle lancera quatre nouveaux types de prêts de long terme, à taux négatif, qu’elle accordera exclusivement aux banques de la zone euro qui elles-mêmes acceptent de prêter aux entreprises et aux ménages (hors immobilier). Enfin, la BCE rachètera davantage de dettes publiques aux États (80 milliards d’euros par mois au lieu de 60 milliards).
En clair, toutes ces mesures visent à encourager le crédit et donc à relancer l’économie par l’endettement, un mécanisme qui n’est pas sans rappeler celui qui a conduit à la crise de 2008... Et la BCE a simultanément revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la zone euro. De nombreux économistes ont déjà relevé cet aveu de faiblesse de la Banque centrale comme révélateur d’un manque d’efficacité de ses mesures monétaires. Urszula Szczerbowic du centre de recherche Cepii, citée par Le Monde du 12 mars, résume : « Elles (les mesures de la BCE ndlr) ne peuvent rien contre certaines sources de l’inflation faible, telles que l’atonie de la demande ». Une atonie de la demande due à... la modération salariale.
Qu’est-ce que le semestre européen ?
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