Chômeurs : les vœux présidentiels

Revue de presse par Michel Pourcelot

© HAMILTON/REA

Le durcissement du contrôle des chômeurs, évoqué le 27 décembre dans une note confidentielle du ministère du Travail ayant fuité dans la presse, a été aussitôt confirmé par le chef de l’État lui-même. La presse s’en est émue. Aperçus.

Le Figaro
Droit dans ses moon boots, le chef de l’État, interrogé depuis la station de ski de La Mongie (Hautes-Pyrénées), où il est actuellement en vacances, est revenu sur les critiques qui le visent depuis que le détail de son projet de durcissement du contrôle des chômeurs a fuité dans la presse. C’est là aussi un engagement de campagne tenu. [...] Je l’ai dit et on le fera, a-t-il martelé, dans la neige. Un engagement de rase campagne d’hiver sans doute. Il a précisé en outre que ça n’est pas parce qu’il n’y a pas de règle que les choses ne peuvent pas avancer, mais que ça n’est pas non plus parce qu’on met des règles qu’on met de la suspicion derrière chacun. Certes, mais moins de règles pour les entreprises et plus de règles pour les chômeurs aurait tendance à faire naître la suspicion.

La Charente Libre
D’autant que reste cette communication d’un président qui donne des gages de bienveillance devant les caméras enneigées pour ne pas stigmatiser les chômeurs mais qui satisfait en même temps la droite ligne du Medef dans les coulisses des ministères. Pierre Gattaz imaginait un contrôle journalier, hebdomadaire ou mensuel pour des chômeurs soupçonnés de toucher leurs indemnités et partir en vacances dixit Christophe Castaner, le président du parti présidentiel. Le vœu sera exaucé mais ce ne sont pas seulement des règles nécessaires pour faire avancer le pays, comme l’a justifié Emmanuel Macron. C’est aussi une manière d’annoncer que les efforts doivent être faits par tous, avec l’impression que ceux qui ont moins devront en faire plus que ceux qui ont déjà beaucoup.

Libération
Selon la note citée par l’hebdomadaire, une recherche insuffisante, un refus de formation ou un refus de deux offres d’emploi jugées raisonnables, entraînerait une réduction des allocations de 50% pendant deux mois. En cas de récidive, elles seraient supprimées pour une durée de deux mois. Un arsenal de sanctions branché sur les ondes Hartz. Pour Noël, le Père Fouettard est de sortie. En outre, choc de simplification, chaque demandeur d’emploi devra remplir un rapport d’activité mensuel, listant l’ensemble des démarches effectuées pour favoriser son retour à l’emploi, selon cette note rédigée par Antoine Foucher, directeur de cabinet de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, et ancien cadre du Medef. Pierre Gattaz, numéro un du Medef, avait suggéré en octobre un contrôle journalier, hebdomadaire ou mensuel des demandeurs d’emploi. Contrôle des chômeurs oui, contrôle des entreprises non.

Ouest France
Sont donc prévenus les nouveaux futurs chômeurs via la rupture conventionnelle collective (RCC) procédé, introduit par les ordonnances Travail, qui permet à un employeur de se séparer de ses salariés sans avoir recours à un plan social. Un procédé qui a su séduire tant il répond à certains vœux : Quel succès ! Après la chaîne de prêt-à-porter Pimkie, le constructeur automobile PSA Peugeot-Citroën-DS envisage de recourir à la rupture conventionnelle collective (RCC). Ce nouveau dispositif sera à l’ordre du jour du prochain Comité central de l’entreprise le 9 janvier. Dans la presse, la société du Figaro et Les Inrocks y songent aussi. Les décrets d’application portant sur la réforme du Code du travail viennent à peine d’être publiés. Vrai cadeau de Noël, la nouvelle mesure permet d’avoir beaucoup plus de fluidité, a vanté mercredi un député de la majorité présidentielle, interrogé sur le cas de Pimkie. Quand une entreprise est percutée par une évolution du marché, elle doit être capable très rapidement de se réinventer, a-t-il développé. Les salariés percutés, eux, restent sur le carreau. Belle année en perspective.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

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