La fermeture totale d’un site est décidée. Parce que pas assez compétitif. Malgré l’engrangement de bénéfices record par l’entreprise et en dépit des sacrifices financiers supportés par ses salariés. Un scénario malheureusement connu. La fiction rejoignant la réalité, c’est celui du film En guerre, long-métrage de Stéphane Brizé. Présenté en sélection officielle de l’actuel festival de Cannes le 15 mai, il est sorti lendemain, 16 mai, dans les salles françaises. Stéphane Brizé a confié une nouvelle fois son rôle principal, celui d’un syndicaliste, à Vincent Lindon, rééditant le duo à un million de spectateurs de La loi du marché (2015), précédent film du réalisateur, qui réaffirme sa fibre sociale : nos colères communes avec Vincent sont encore plus présentes dans ce film
. Le Festival lui a réservé un excellent accueil. On ne connaît pas la réaction des marchés.
Chemises déchirées
Les explosions de colère des salariés font souvent la « une » des médias, qui traitent généralement assez furtivement du pourquoi et du comment on en est arrivé là. C’est justement ce qu’entend mettre en avant Stéphane Brizé. Il remet le second plan au premier plan et fait du fond la forme. Le réalisateur ne se cache pas pour dire qu’il s’est inspiré de l’incident des « chemises déchirées » à Air France, compagnie d’ailleurs revenue au centre de l’actualité. Comme le laisse entendre le titre, En guerre est un film de combat sur le combat. Il s’ouvre d’ailleurs sur la citation de Brecht : Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu
. Soulignant qu’il n’a pas voulu opposer les gentils ouvriers à de méchants patrons
, le réalisateur a écarté l’emporte-pièce, emmagasinant témoignages et informations, y compris sur les textes de lois réglementant les plans sociaux.
En guerre, film réalisé par Stéphane Brizé et interprété notamment par Vincent Lindon, Mélanie Rover et Jacques Borderie. Durée : 1h53 min. Sorti le 16 mai 2018. |