Quelles sont les principales orientations pour les quatre prochaines années, de l’équipe fédérale de la FGTA-FO qui vient d’être désignée par les suffrages des délégués au congrès de Saint-Malo ?
Dejan Terglav : Nous allons poursuivre et consolider les changements déjà engagés. La société et le monde du travail changent et notre fédération s’adapte à la situation. Nous négocions, mais nous sommes aussi capables de revendiquer, y compris par la grève, quand cela est nécessaire, pour obtenir des engagements qui nous semblent justes pour les salariés. Nous l’avons montré avec Carrefour au printemps.
Nous continuerons aussi à moderniser nos outils de développement syndical pour que les syndicats puissent bénéficier de toutes les possibilités issues des nouvelles technologies, y compris l’adhésion en ligne. Nous allons aussi nous impliquer pleinement dans la vie confédérale, au niveau interprofessionnel. La FGTA-FO continuera à soutenir les combats menés par FO à l’extérieur des secteurs qu’elle représente, à la Fonction publique en ce moment par exemple. Aujourd’hui il faut briser le tabou du chacun pour soi. C’est ensemble que nous gagnerons notre combat syndical.
À quel dossier prioritaire la nouvelle équipe fédérale va-t-elle s’atteler ?
Dejan Terglav : Le dossier numéro un reste pour nous le développement syndical. Notre survie en dépend. Actuellement, nous pouvons avoir un très bon taux de syndicalisation dans une entreprise d’un groupe, mais chez le voisin, dans le même groupe, nous n’existons pas. Nous voulons organiser un “quadrillage” des groupes industriels ou commerciaux. Il convient que chaque délégué syndical central (DSC) organise un plan de développement, là où il n’y a pas de représentation syndicale FO. Ce sera l’objectif prioritaire du mandat de chaque DSC. Les équipes syndicales en place doivent consolider leurs implantations et former des militants plus jeunes, pour assurer leur succession dans les entreprises.
Quelles seront les autres priorités cette année et pendant le mandat qui s’ouvre ?
Dejan Terglav : Nos autres priorités absolues restent la négociation des salaires, l’amélioration des conditions de travail et l’emploi. Nous représentons des populations salariées souvent précaires, parmi lesquelles beaucoup de femmes à temps partiel imposé, des métiers extrêmement pénibles, c’est le cas notamment des branches de l’agro-alimentaire, de la restauration, de l’hôtellerie ou de la grande distribution. Beaucoup de ces secteurs connaissent le travail dominical et en soirée.
Les conditions de travail se dégradent de plus en plus, et leur amélioration reste un de nos objectifs prioritaires. Les rythmes de productivité augmentent, avec des réductions d’effectifs, et les salariés se retrouvent avec plus de tâches à accomplir, avec moins de temps pour le faire.
Et concernant l’emploi ?
Dejan Terglav : Les restructurations et les réductions d’effectifs se succèdent, comme on l’a vu récemment chez Carrefour avec 2000 suppressions de postes, mais aussi chez Danone, Coca-Cola, Euralis ou Pernod-Ricard. Des entreprises rentables ferment, ce sont des choix financiers pour satisfaire les actionnaires, et c’est inacceptable.
Ces décisions touchent et ruinent des vies, souvent des personnes d’un certain âge, sans formation, qui ont travaillé toute leur vie ou presque dans la même entreprise, et qui résident dans des zones géographiques où il est très difficile de retrouver un emploi. À notre niveau, celui de la fédération, nous avons décidé de mettre en place une commission de travail sur les PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi, NDLR), avec des moyens, des avocats, des experts, mis à la disposition des syndicats qui en ont besoin.