C’est maintenant qu’il faut se mobiliser, car une fois le texte déposé au conseil supérieur de l’éducation, il sera beaucoup plus difficile de le faire retirer
, explique Jean-Luc Dussol, secrétaire académique SNETAA-FO de Montpellier.
Ce qui heurte le plus les enseignants ? Le moins “d’école”
, poursuit ce professeur. En effet, quelques 85 heures de cours devraient être supprimées en terminale dès la rentrée 2024, et 203 heures au total sur l’ensemble du cursus bac pro. Alors que, analysent les enseignants, les élèves qui arrivent en lycée pro ont souvent connu un parcours scolaire difficile pour diverses raisons, ils et auraient donc plutôt besoin de davantage d’enseignement, fondamental comme professionnel. En supprimant des heures de cours on hypothèque encore plus leurs perspectives de poursuivre des études dans l’enseignement supérieur
, déplore Christophe Second, secrétaire académique SNETAA-FO en région PACA.
Des heures de cours en moins, pour les élèves comme pour les profs
Les périodes de formation en milieu professionnel seraient également raccourcies : en terminale, deux semaines retirées au profit du stage de fin d’année de six semaines (qui, lui, se déroulera sans l’implication des professeurs de lycées pro/PLP). On veut en faire des travailleurs avant l’heure
, s’inquiète Jean-Luc Dussol. Alors qu’ils arrivent de plus en plus jeunes au bac, qu’ils n’ont pas le permis et donc ne sont pas mobiles. Nous les profs, on est pour qu’ils aient le diplôme le plus élevé possible avant de rechercher un emploi.
Pour les élèves qui conserveront cette ambition, une période de six semaines d’enseignements renforcés sera proposée. Mais le parcours distinct organise une inégalité de réussite aux épreuves, risquant ainsi d’augmenter le décrochage et de faire baisser le taux de réussite au diplôme
, souligne Pascal Vivier, secrétaire général du SNETAA-FO.
Et les diminutions horaires inquiètent également les enseignements quant à leur propre avenir professionnel. On nous annonce aussi des poursuites d’études à bac + 1, appelées certificats de spécialisation, qui ne seraient pas non plus dans la mission des PLP
, résume Bénédicte Moulin, secrétaire académique SNETAA-FO de Poitiers. Actuellement les professeurs en lycée pro exercent également dans des classes d’élèves titulaires de bacs + 1, appelés mentions complémentaires, et dans les classes de BTS. Si on ne fait plus appel à eux sur les bacs + 1, les collègues vont devoir des heures, et seront peut-être amenés à exercer dans divers établissements pour compléter leur emploi du temps.
Une autre crainte est de voir leur organisation de travail modifiée en cours d’année. Ce qui aura un impact aussi sur leur vie quotidienne
, estime Pascal Vivier.
Menaces et incertitudes sur la carte des formations
La carte des formations, désormais soumise aux choix préfectoraux inquiète aussi, bien qu’elle ne figure pas au menu du conseil supérieur de l’éducation le 14 décembre. Dans le Grand Est, une convention a déjà été signée entre le préfet de région, la présidence de la Région, le recteur et le ministère, explique Daniel Chainiewski, secrétaire académique Grand Est. L’objectif est de prioriser trois axes : la transition énergétique, l’aide à la personne et les énergies renouvelables. Alors que beaucoup de nos élèves sont en demande de formation dans le secteur tertiaire.
En région Sud aussi, une convention a déjà été signée entre les mêmes acteurs. Alors que jusqu’à présent, le recteur avait le dernier mot en matière de carte des formations, il est à présent soumis au choix du préfet
, fustige Daniel Chainiewski.
Enfin, une dernière annonce interroge vivement les enseignants de lycée professionnel : Gabriel Attal, ministre de l’Education nationale a récemment annoncé que la réussite au brevet serait indispensable pour accéder au lycée. Mais de quel lycée parle-t-il ? Le lycée général ? Et alors, tous ceux qui échouent au brevet basculeraient sur le lycée pro ?
, interroge Bénédicte Moulin. Ou bien l’ensemble des lycées ? Et alors nous aurions une chute drastique des inscriptions, et rapidement, la fin de nos établissements.
Quelques lieux de rassemblement :
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