Après l’annonce le 18 juin de la fermeture de l’usine Exide Technologies, fabriquant des batteries de traction au plomb à Lille dans le Nord, syndicats ont négocié une bonne partie de l’été afin d’obtenir les conditions les plus favorables pour les 206 salariés qui perdent leur emploi. L’annonce de la fermeture du site, à l’activité centenaire, avait été un véritable choc, le syndicat FO, majoritaire, soulignait au printemps dernier le désastre industriel et humain
qu’il constituait. Il pointait l’attitude du groupe (5 000 salariés en Europe dont près de 500 en France) qui n’a pas investi et a laissé mourir l’activité
. Depuis, dans le cadre difficile de la négociation du PSE, FO (qui détient quatre des six sièges au CSE) a été particulièrement à la manœuvre. Nous avions l’historique des précédentes fermetures de sites d’Exide, nous ne sommes pas partis d’une page blanche
, résume Rachid Ljabli, délégué syndical central FO et secrétaire du CSE Central. Nous sommes repartis du dernier accord et nous avons réussi à mobiliser les élus pour, d’une certaine manière, prendre en étau l’employeur sans devoir être brutaux.
Mesures supra-légales et soutien au reclassement
Cela a permis de décrocher un accord. Celui-ci comprend des indemnités supra-légales qui s’échelonnent de 30 000 à 90 000 euros, en fonction de l’ancienneté, un congé de reclassement rémunéré à 100 % du salaire net et allant de 10 à 14 mois (en fonction de l’âge du salarié). Mais aussi un budget de formation de 12 000 euros par personne et un budget similaire pour la création d’une entreprise. Un complément de salaire allant jusqu’à 300 euros pendant douze mois sera versé à ceux qui retrouvent un emploi au salaire inférieur à celui perçu chez Exide. La médaille du travail (et la prime correspondante) sera attribuée à ceux qui était à un an de la recevoir.
Nous avons également choisi le cabinet de reclassement qui nous semblait le mieux positionné, explique Rachid Ljabli. C’est-à-dire celui qui avait la plus grande base d’offres d’emploi et qui a les meilleurs contacts sur notre bassin d’emploi.
Le cabinet accompagne actuellement les salariés dans la rédaction de leur CV, la réalisation d’un bilan de compétence, l’identification de leurs besoins en formation... Des salariés qui demeurent néanmoins pour l’instant dans l’entreprise et sont rémunérés en tant que tels jusqu’à notification du licenciement, qui devrait intervenir mi-janvier. Certains travaillent encore sur le site et d’autres ont pu demander une mise en disponibilité et entamer leur recherche d’emploi, voire, cumuler leur salaire avec un emploi ailleurs, de l’intérim par exemple
, poursuit Rachid Ljabli. Déjà 40 personnes bénéficient d’une mise en disponibilité.
Par ailleurs une commission suivra l’application de ce PSE durant un an, trois représentants FO du personnel en font partie.
Mobilisation de l’USM-FO
Les représentants FO du CSE ont par ailleurs œuvré pour mobiliser leur réseau. Via l’USM-FO (Union de syndicats de la métallurgie FO) du Nord, ils ont pris contact avec Renault : à Douai, Ruitz et Maubeuge, le constructeur automobile recherche actuellement 300 personnes en CDI. Ils ont rencontré les élus municipaux lillois, afin de favoriser l’emploi des anciens d’Exide aux compétences administratives au sein de la collectivité territoriale. La mairie est un gros employeur, elle peut proposer des emplois qui intéressent nos travailleurs. Et d’un autre côté, elle est généralement au courant lorsqu’une nouvelle usine s’installe ou se développe et qu’elle recrute.
Exide -qui ne compte plus que trois implantations actuellement en France contre dix auparavant- a l’obligation (dans le cadre de la loi Florange) de rechercher un repreneur pour son usine lilloise, sa seule unité de production française. Il y a un risque fort que l’entreprise n’en trouve pas car le site est très grand, ancien, il y aurait une dépollution à réaliser...,
