La Commission européenne épinglée par la Cour des comptes de l’UE sur sa gestion de la crise grecque

Europe par Nadia Djabali

Un rapport de la Cour des comptes européenne dresse le bilan des trois plans de sauvetage conçus pour la Grèce par le FMI, la BCE et la Commission européenne. Peuvent nettement mieux faire, concluent les auditeurs.

Évaluations vagues voire inexactes ; lacunes importantes en matière de données et absence d’indicateurs de performance appropriés ; absence de documents faisant état d’une répartition du travail entre la Commission, le FMI, la BCE et le Mécanisme européen de stabilité (MES) ; justification insuffisante d’un certain nombre de mesures, comme la hausse de la TVA, sans fournir une analyse des autres options et de leurs conséquences. La Cour des comptes européenne n’y est pas allée de main morte. Chargée d’évaluer les programmes d’ajustement économiques déployés en Grèce depuis 2010, l’organisme a dressé un tableau critique de l’action de la Commission européenne.

Près de 8 milliards d’euros d’intérêts

Mandatée par le Parlement européen, la Cour était également chargée de l’examen de l’action de la BCE. Mais cette dernière a refusé de fournir les éléments qui auraient permis aux auditeurs d’évaluer son rôle.

La Grèce a payé 7,8 milliards d’euros d’intérêts à la suite des emprunts effectués depuis 2012. Une somme qui a été redistribuée à dix neuf banques centrales nationales de la zone euro proportionnellement à leur participation au capital de la BCE. Entre 2013 et 2015, les Européens avaient prévu de rendre ces intérêts à la Grèce. Mais, en 2015, L’Allemagne a changé d’avis, entraînant dans son sillage les autres pays.

Ni priorités ni stratégie

Le document pointe en outre l’absence d’expérience de la Commission dans la gestion d’un tel processus. Parmi les reproches : les conditions demandées à la Grèce n’étaient ni hiérarchisées selon des priorités, ni inscrites dans une stratégie plus large pour sortir la Grèce de ses difficultés. En outre, continue la Cour, les hypothèses économiques sous-tendant les programmes étaient mal justifiées.

En 2010, 2012 et 2015, la Grèce été l’objet de trois programmes soumettant les prêts financiers à des réformes économiques. Les conditions imposées ont valu de nombreuses critiques à la Commission européenne, la BCE et le FMI. Le premier programme concernait un prêt de 110 milliards d’euros ; le deuxième et le troisième, respectivement un prêt de 172,6 milliards d’euros et de 86 milliards d’euros.

Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante