Marseille « capitale de la culture » en 2013. Quelle bonne idée. On éduque, crée des emplois, attire les touristes, rénove la ville mais au profit de qui ? Les emplois sont généralement précaires et les prix montent de façon pérenne. Ceux de l’immobilier mais aussi de la vie courante, chassant les pauvres. Un phénomène appelé la gentrification, signifiant selon le Larousse, la « tendance à l’embourgeoisement d’un quartier populaire ». Ces quartiers populaires qui ne rapportent guère et qui par le miracle de la culture peuvent générer d’importants bénéfices. Mode d’emploi : introduire un cheval de Troie qui sera paré de toutes les vertus et célébré pour ses belles ambitions. Sans que personne ne puisse décemment s’y opposer. « La ville est couverte de grues », constatait avec satisfaction en 2011 Jacques Pfister, président de la CCI de Marseille, qui soutient aujourd’hui la candidature de Paris pour les JO de 2024, Marseille devant accueillir les épreuves nautiques (olympiques et paralympiques) ainsi qu’une partie des matchs de football.
« On a besoin de gens qui créent de la richesse... »
Et ce 12 septembre 2016, le Comité Paris 2024 a choisi Marseille, site clé du dispositif Paris 2024, pour lancer sa tournée (deux mois à travers la France) de « sensibilisation et de mobilisation des Français autour de ce projet ». Bien entendu, « la cité phocéenne a mis à profit cette journée exceptionnelle pour mobiliser les forces vives du territoire dans le domaine sportif, mais aussi, économique et culturel ». Une trinité parmi laquelle on se demande qui est véritablement Dieu le Père. Un prologue idéal pour la sortie en DVD du documentaire La fête est finie, réalisé en 2014 et projeté en salles l’an dernier. Son réalisateur, Nicolas Burlaud, s’est attaché à montrer comment toute une mise en scène s’est organisée, désamorçant pratiquement toutes les contestations : « Ceux qui se sont opposés, et bien je ne les vois pas » se félicitait le sénateur-maire de Marseille, Jean Claude Gaudin.
Quelques années auparavant, sans doute agacé du manque de réussite d’un fonds de pension qui avait racheté une rue entière près du Vieux Port pour revendre à la découpe, l’adjoint au maire délégué à l’urbanisme n’avait pas caché ses objectifs : « on a besoin de gens qui créent de la richesse. Il faut nous débarrasser de la moitié des habitants de la ville. Le cœur de la ville mérite autre chose » (Le Figaro, 18 novembre 2003). Bref, épurer la ville de ceux qui la polluent et la rendent moins attractive, mois compétitive. Mais maintenant on est loin du temps des violences des promoteurs immobiliers des années 60 et 70 : aujourd’hui l’art est de faire danser les gens au rythme de la machine qui va les chasser de chez eux. La méthode du « soft power » appliqué au local.
La fête est finie, réalisé par Nicolas Burlaud. Durée : 1h12. Sortie en DVD le 5 octobre 2016. Prix : 15€ (frais de port compris).
Plus d’info sur : http://lafeteestfinie.primitivi.org/