La Réunion : les salariés de la Fondation Père Favron obtiennent enfin des marques de reconnaissance

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

Dans le contexte des NAO mais aussi d’un projet de plan de retour à l’équilibre des comptes, près de 250 salariés de la Fondation Père Favron manifestaient le 26 novembre à Saint-Pierre (la Réunion). Après une semaine de mobilisation, ils ont obtenu plusieurs engagements de la direction, notamment concernant une prime du partage de la valeur et la mise en place d’actions afin de limiter la souffrance au travail. FO salue cette victoire mais demeure vigilant.

Alors que s’ouvraient les négociations annuelles obligatoires (NAO), plus de 250 salariés de la Fondation Père Favron manifestaient devant l’Ehpad de la Ravine Blanche à Saint-Pierre (La Réunion). Cette mobilisation inédite au sein de la structure – la fondation comprend 56 établissements – a été initiée par une intersyndicale à laquelle participe FO.

Le syndicat dénonce notamment la situation catastrophique des 2 000 salariés et près de 1 000 intérimaires employés par la Fondation. Il y a beaucoup de souffrance au travail, souligne Stéphane Lebon, secrétaire général du Syndicat départemental de l’action sociale et de la santé privée Force ouvrière (SDASSP FO). Il suffit de regarder le taux d’absence qui oscille entre 25 % et 37 % ! Avec la dégradation de leurs conditions de travail, les salariés sont à bout.

Des revendications salariales

C’est la présentation du plan de retour à l’équilibre (PRE) des comptes, esquissé par la direction pour répondre aux exigences de l’ARS, qui a déclenché la mobilisation. Le plan qui nous a été présenté ne repose que sur une variable d’ajustement : les salariés, dénonce le militant. Avec d’autres organisations syndicales, nous avons étudié d’autres pistes. Mais la direction a opté pour le non-remplacement des départs et le cumul des tâches pour maintenir le fonctionnement de l’établissement.

Dans un contexte plus global d’austérité, les revendications des salariés tournaient également autour de leur rémunération. Nous avions pris conscience qu’au sein des établissements de la fondation, l’égalité salariale n’était pas forcément appliquée entre les établissements. Ceux qui étaient en difficultés financières payaient moins leurs salariés que les autres. Ce qui n’est pas normal car la grille est la même au sein de la fondation.

Sur fond de NAO, FO dénonce un dialogue social défaillant et exige davantage de transparence. Nous revendiquons une prime de partage de la valeur pour l’ensemble des salariés, précise le militant. Ce serait un signe de reconnaissance de l’engagement de chacun alors qu’avec l’inflation, le pouvoir d’achat a diminué. Certains salariés sont en difficulté au milieu du mois !

Une semaine de mobilisation dans les 56 établissements

Une délégation syndicale a été reçue le 26 novembre par la direction pour échanger sur les revendications des salariés. Nous avons eu le sentiment d’avoir été écoutés, mais pas entendus, indique Stéphane LeBon. La mobilisation a donc été reconduite. Selon un sondage effectué auprès des salariés, plus de 60 % d’entre eux sont en faveur de la reconduction du mouvement. Grève, rassemblement, débrayages … Durant une semaine, la mobilisation a continué sous diverses formes dans les établissements de la Fondation.

Finalement, le 3 décembre, la direction a envoyé une nouvelle proposition de plan de retour à l’équilibre, et évoqué notamment une prime de partage de la valeur. Nous avions rejeté la première proposition, qui concernait une enveloppe de 250 000 euros pour environs 1 000 salariés en deçà de 1 850 euros mensuels. La direction et l’ARS ont finalement accepté une enveloppe portée à 680 000 pour l’ensemble des salariés avec contre-proposition syndicale pour un versement complémentaire en mars 2026. La négociation était finalisée le 9 décembre. La direction s’est également engagée à signer un accord d’intéressement avant le 30 juin 2026.

Des engagements pris par la direction sur la santé au travail

Concernant la souffrance au travail, les syndicats ont obtenu un plan d’action en 8 points pour répondre aux difficultés des professionnels. Parmi ces points : décentraliser le suivi des travaux vers les établissements ; renforcer la prévention en santé et sécurité en lien étroit avec les commissions santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) ; limiter les admissions des cas complexes en Maison d’enfants à caractère social (MECS) ; mutualiser les formations dédiées à la prévention de la violence et à la gestion des situations de crise ; créer un magasin général ; mettre en œuvre un règlement d’utilisation des véhicules de fonction ; renforcer les moyens du service informatique ; améliorer la réactivité des fonctions de direction générale dans la période intérim.

Par ailleurs, la direction s’est engagée à une meilleure transparence dans le dialogue social et à améliorer la prise en compte des avis du CSE. Enfin, la journée de grève ne sera pas déduite sur le mois de décembre : les salariés auront jusqu’au 31 mars pour rendre leur jour de grève.

Cependant, si FO se félicite de cette première victoire intersyndicale, la vigilance demeure, prévient Stéphane Lebon. Nos revendications restent, notamment sur l’égalité salariale et concernant notre opposition à considérer les salariés comme une variable d’ajustement budgétaire dans le PRE. Tous les syndicats de la fondation, dont FO, restent mobilisés pour contrôler la mise en œuvre des engagements pris par la direction.

 

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération